Me Daphné Pugliesi a tenté, ce jeudi, lors du dernier jour du procès de l’affaire Pogba, de défendre la cause du « taiseux » Roushdane K., suspecté d’avoir organisé – ou fait exécuter – le chantage à 13 millions d’euros de Paul Pogba.
Elle l’a dit – sans le chanter, quand même – en introduction de sa plaidoirie, la dernière des avocats de la défense, ce jeudi soir, lors de la septième et dernière journée du procès de l’affaire Pogba. Roushdane K., c’est « le tourbillon de sa vie » à Me Daphné Pugliesi, l’avocate du seul prévenu encore en détention provisoire. « Roush’ » (39 ans), à la réputation de « grand frère » du quartier, de « médiateur » informel, suspecté d’avoir organisé – ou fait exécuter – le chantage à 13 millions d’euros de Paul Pogba, braqué et séquestré à cet effet dans la nuit du 19 au 20 mars 2022.
« On s’est connu, on s’est reconnu, on s’est perdu de vue, on s’est reperdu de vue… », poursuit-elle, pour illustrer la longue relation pénale avec son client au lourd passé judiciaire (premier casier à l’âge de 17 ans), qu’elle connaît depuis douze ans. Sa mission de défense est particulièrement complexe : Roushdane K. est un « taiseux », comme elle l’admet, elle n’a pas reçu d’aide de sa part durant son procès. Durant les débats, il s’est montré méfiant, hésitant ou fuyant, quand il a accepté de répondre aux questions par bribes, parfois indéchiffrables (la présidente lui a souvent demandé de répéter ses propos). Tout en fusillant du regard, à intervalles réguliers, les journalistes présents dans la salle d’audience, dans une colère contenue contre l’exposition de cette affaire et de ses ressorts criminels. Mais aussi de sa personne dans les médias.
« Dans ce dossier, le seul sang est versé est le sien, il a quasiment perdu l’usage de sa main. Je ne sais pas s’il a été piégé ou placé sous pression. Mais ce sang versé est déjà une sanction pour lui. »
Alors oui, « il n’a pas donné grand-chose, regrette Me Pugliesi, alors je suis en colère ». Elle tente de relever un taux de sympathie mal embarqué, en évoquant un type « drôle et sympa » dans le privé, mais qui « se retrouve dans des histoires pas possibles ». Mais Roushdane K. « a peur », aussi, ce qui motive ses lourds silences, selon elle. Dans son box vitré, le prévenu écoute, l’air sombre, très souvent impassible. Il passe sa main droite sur son front et son crâne lisse ; en un éclair, on revoit le fameux plan en clair-obscur du colonel Kurtz (Marlon Brando), à la fin d’Apocalypse Now. Sa main gauche, quant à elle, a été touchée lors d’une agression (blessure par balle), par des hommes non identifiés, au moment des « coups de pressions » sur le milieu des Bleus, dont auraient également pâti, en cascade, les six prévenus qui étaient jugés depuis le 26 novembre.
Et Me Pugliesi a insisté sur ce point : « Dans ce dossier, le seul sang est versé est le sien, il a quasiment perdu l’usage de sa main. Je ne sais pas s’il a été piégé ou placé sous pression. Mais ce sang versé est déjà une sanction pour lui ». Avant la fin de ce procès, et l’annonce, par la présidente, que la décision du tribunal sera rendue le 19 décembre, chacun des prévenus a été invité à s’exprimer une dernière fois. Roushdane K. a été le seul à refuser, avant d’être reconduit dans sa cellule du centre pénitentiaire de Fresnes.