Alors que le sélectionneur ne cesse d’appeler à plus de « supporterisme », il est bon de constater que le Stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio n’est pas encore une enceinte hostile pour les adversaires des Lions.
Ils avaient vécu un enfer, face à un douzième homme totalement survolté, faim de revanche, dans une ambiance à couper le souffle, dans une enceinte en vert avec comme arme principale… le laser. C’est à peine si certains osent comparer ce match retour des barrages pour la Coupe du Monde 2022 contre l’Egypte à toutes les autres rencontres qui se sont disputées jusque-là au Stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio. Car il est vrai que cette enceinte avait choisi son meilleur jour pour ouvrir ses portes pour la première fois pour un match officiel de son Equipe Nationale.
Plus grand-chose après Egypte
Le 29 mars 2022, quasiment un mois jour pour jour après l’inauguration du stade, le Sénégal accueille l’Egypte. La pression est sur les épaules des troupes d’Aliou Cissé, battues au match aller (1-0) mais aussi remontées par l’ambiance hostile qu’elles venaient de subir au Cairo International Stadium, cinq jours plus tôt. Pour beaucoup, l’une des plus grandes rivalités du football africain est née ce soir-là. Dans les mains des supporters sénégalais, historiquement bien accueillants pour leurs adversaires, des lasers des étoiles, en représailles à ce qu’il s’était passé au Caire, justement.
Mohamed Salah et ses partenaires sont vivement hués, et ça dès la reconnaissance de pelouse. Leur visage est teint en vert, ils sont perturbés même aux tirs au but et ont perdu le barrage retour (1-0, 3-1 t.a.b). Mais ça aussi, c’était un contexte dans un autre contexte. Car le public sénégalais, qui, un peu moins de deux mois plus tôt, venait de fêter son premier titre de champion d’Afrique, voulait célébrer ses héros du Cameroun dès leur premier match à domicile depuis cette fameuse CAN 2022. Mais depuis, l’ambiance du Stade Abdoulaye-Wade n’est plus des grands soirs.
Malgré la victoire 3-1 face au Bénin, le soir du 4 juin 2024 était comme un avant-goût de ce qui allait suivre : un stade plus spectateur que supporter. Depuis notamment l’élimination en huitièmes de finale du Mondial 2018 contre l’Angleterre, le public d’Abdoulaye-Wade ne soutient plus que très sporadiquement son équipe fétiche. Déjà à chaque fois annoncé à guichet fermé lors des derniers matchs, le stade n’a jamais fait plein. Contre l’Algérie en amical (défaite 0-1), il fallait attendre un petit geste technique d’Iliman Ndiaye ou de Sadio Mané pour enflammer les fans.
Plus de supporters et moins de spectateurs
Pourtant face aux Fennecs, les Lions avaient vécu beaucoup de moments de souffrance, et nul doute que c’est dans ce genre de situation qu’ils ont le plus besoin de leur public. Alors oui, il y a aura toujours le « Douzième Gaïndé » et « Allez Casa » pour donner de la voix du début à la fin. Soit proportionnellement, à peu près la même ambiance que lors du dernier match à domicile contre la RD Congo (1-1), ou même quelques semaines plus tôt face au Niger en amical (1-0), juste avant la CAN 2024. Et c’est loin d’être suffisant dans une enceinte qui fait 50 000 places.
Bref, l’ambiance au cœur du Stade Abdoulaye-Wade reste encore (trop) froide pour les adversaires dans cette enceinte pourtant très proche de la pelouse, contrairement au Stade Lat-Dior et même le Stade Léopold-Sedar-Senghor où il y a des pistes d’athlétisme mais où on retrouvait une meilleure ambiance. Entre les qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et aussi la Coupe du Monde 2026, les Lions s’apprêtent à entamer une intense saison. Donc, forcément, ils auront besoin d’être encouragés, soutenus dans les bons comme dans les mauvais moments.
C’est vrai, le Stade Abdoulaye-Wade ne deviendra pas le chaudron tant espéré par Aliou Cissé du jour au lendemain, et ne fera pas toujours retentir une ambiance hostile pour les adversaires des Lions. C’est aussi vrai que les récents résultats n’ont pas joué à la faveur des Lions. Mais si le public prend la pleine mesure de se transformer un maximum de spectateurs en supporters, dans le fair-play, il y aurait déjà du mieux. Ce vendredi soir (19h00 GMT), c’est la venue des Etalons du Burkina Faso pour le premier match de cette nouvelle saison. Et c’est déjà une belle opportunité pour le public qui sera présent de changer l’opinion mitigée du sélectionneur national.