Le 25 septembre 1988, le Sénégal a vibré comme jamais. Sur la piste du stade olympique de Séoul, Amadou Dia Bâ réalisait l’exploit de toute une carrière : décrocher la médaille d’argent du 400 mètres haies, offrant au pays sa première – et à ce jour, sa seule – médaille olympique.
Avec un chrono époustouflant de 47 s 23, record personnel et record national encore invaincu, Dia Bâ franchit la ligne derrière l’Américain André Phillips et devant la légende Edwin Moses. Ce jour-là, l’enfant de Dakar est entré à jamais dans la mémoire sportive sénégalaise et africaine.
Un parcours forgé dans la polyvalence
Né le 22 septembre 1958 à Dakar, Amadou Dia Bâ s’est d’abord essayé au demi-fond et au saut en hauteur – discipline dans laquelle il remporte une médaille de bronze aux Jeux Africains de 1978 – avant de trouver sa voie dans le 400 m haies.
Sa progression est fulgurante : enchaînant titres et podiums continentaux, il se forge une réputation de travailleur acharné, prêt à tous les sacrifices. Entre 1982 et 1989, il rafle à lui seul sept médailles d’or aux Championnats d’Afrique et aux Jeux Africains, consolidant son statut de référence dans la discipline.
Séoul 1988 : l’exploit d’une vie
Quatre ans après une 5ᵉ place frustrante aux Jeux de Los Angeles, Dia Bâ aborde Séoul avec une ambition claire : revenir avec une médaille. Aux côtés des plus grands, il choisit la stratégie audacieuse de modifier son schéma de course – passer de 13 à 14 foulées plus tôt que d’habitude – afin de garder de la fraîcheur pour la fin.
Ce pari s’avère payant. Dans une course d’une intensité folle, il livre la meilleure performance de sa carrière et inscrit son nom dans l’histoire. Son 47 s 23 restera non seulement son record personnel, mais aussi le record national du Sénégal plus de trois décennies plus tard.
Un héritage intact
Après Séoul, Dia Bâ poursuit son aventure sportive avec de nouvelles distinctions, mais une blessure au tendon d’Achille finit par freiner sa carrière, qu’il clôt lors des Jeux de Barcelone en 1992.
Depuis, il n’a jamais quitté le monde du sport. Entraîneur, dirigeant et mentor, il a accompagné la nouvelle génération, dirigé le relais sénégalais 4 × 400 m pour les Jeux d’Atlanta 1996 et siégé dans plusieurs instances sportives, dont l’Association mondiale des olympiens.
Plus qu’une médaille, Amadou Dia Bâ a laissé au Sénégal un héritage immatériel : la preuve qu’avec discipline, stratégie et persévérance, tout est possible, même face aux plus grands.
Palmarès majeur
• Or – Championnats d’Afrique (400 m haies, 1982, 1984, 1985, 1988)
• Or – Championnats d’Afrique (400 m, 1982)
• Or – Championnats d’Afrique (4 × 400 m, 1984)
• Or – Jeux Africains (400 m haies, 1987)
• Or – Jeux de la Francophonie (400 m haies, 1989)
• Argent – Jeux olympiques (400 m haies, 1988)
• Bronze – Jeux Africains (saut en hauteur, 1978)
Une légende éternelle
Trente-huit ans après, l’exploit d’Amadou Dia Bâ demeure intact dans les mémoires. Plus qu’un souvenir, il reste un symbole de fierté nationale et d’inspiration pour les générations d’athlètes sénégalais.
Sa médaille n’est pas qu’une récompense : c’est le témoignage vivant qu’avec abnégation et détermination, un rêve olympique peut devenir réalité.