Il faudra attendre le mois de mai prochain, peut-être, pour assister à la première compétition d’athlétisme de l’année 2025 à Dakar, si la situation n’est pas réglée d’ici là. Le problème ne réside pas seulement dans le manque d’infrastructures sportives dans la capitale. La Fédération Sénégalaise d’Athlétisme (FSA) n’a tout simplement pas les moyens de payer la facture “salée” exigée par la SOGIP, en charge des infrastructures sportives à Diamniadio, qui gère le stade Abdoulaye Wade. Si les athlètes peuvent s’entraîner gratuitement, l’organisation de compétitions, elle, est soumise à un tarif prohibitif.
Un blocage qui freine la progression des athlètes
L’athlétisme sénégalais peine à avancer malgré les belles performances de ses ambassadeurs, à l’image de Cheikh Tidiane Diouf, Saly Sarr ou encore Louis-François Mendy. Ce dernier, actuellement en Espagne où il évolue dans un club, a tiré la sonnette d’alarme face aux conditions difficiles que rencontrent les athlètes au Sénégal.
Sur sa page Instagram, l’athlète, réputé pour son franc-parler lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts de ses pairs, a partagé un message des plus clairs. « Je m’entraîne chaque jour au stade Abdoulaye Wade, je pousse mon corps à bout, je me bats pour représenter mon pays. Mais quand il nous faut compétir, on nous bloque. La SOGIP, qui gère le stade, exige que la ligue ou la fédération paie pour organiser des compétitions. Donc on peut courir pour s’entraîner, mais pas pour performer ? Comment peut-on progresser sans compétitions ? Comment peut-on espérer des qualifications aux Mondiaux ou aux Jeux Olympiques si on nous empêche de nous mesurer dans des conditions réelles ? L’athlétisme sénégalais mérite mieux… Un stade, c’est fait pour la compétition, pas pour être une machine à sous. »
Une saison toujours en attente
Ce cri du cœur fait écho à un problème majeur : le retard du lancement de la saison pour la Ligue de Dakar. Les athlètes s’entraînent sur le terrain annexe du stade Abdoulaye Wade, le seul site actuellement disponible, en attendant la réouverture du stade Léopold Sédar Senghor et la fin des travaux sur les infrastructures d’Amadou Barry et d’Iba Mar Diop.
Mais même pour ces entraînements, les athlètes doivent mettre la main à la poche. Un sprinteur, sous couvert d’anonymat, confie à Wiwsport. « On peut s’entraîner, mais on ne peut pas organiser de compétitions sur le site. Ils disent qu’il faut payer pour y organiser des journées. Depuis, on attend… Jusqu’ici, on n’a fait que des tests, en transformant les entraînements en compétitions officieuses, en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas être chassés du terrain annexe ! Ces compétitions sont pourtant indispensables : sans elles, impossible d’obtenir des résultats à l’international, impossible de faire des sélections. Personnellement, je ne peux pas m’entraîner tous les jours à Diamniadio. Je préfère y aller deux fois par semaine, car le transport coûte cher, et cela freine ma progression. »
Un bras de fer avec la SOGIP
Cette journée devait marquer le lancement officiel de la saison. Dans un entretien accordé au journal Le Quotidien, le président de la FSA, Sara Oualy, a évoqué la situation du terrain annexe . « C’est une bonne piste. Mais nous avons souvent des problèmes avec la SOGIP et son directeur général, Dame Mbodji, qui nous demande des sommes importantes pour organiser des compétitions de ligue. Il y a deux semaines, nous avons voulu organiser une compétition, mais cela n’a finalement pas été possible, faute de moyens pour payer la location. » Face à cette impasse, Sara Oualy s’est montré fataliste, saluant l’avancement des travaux du stade Léopold Sédar Senghor, qui pourrait, selon lui, contribuer à régler une partie du problème.
Un avenir incertain pour l’athlétisme sénégalais
Si aucune solution n’est trouvée rapidement, les athlètes sénégalais risquent de voir leur progression compromise, et avec elle, leurs chances de briller sur la scène internationale. Pour le moment, la SOGIP campe sur ses positions, et la FSA peine à réunir les fonds nécessaires.
Le développement de l’athlétisme passe par des infrastructures accessibles et fonctionnelles. En l’absence de compétitions régulières, le Sénégal pourrait voir s’éloigner ses ambitions olympiques et mondiales. Une situation qui alimente un sentiment de frustration grandissant chez les athlètes, qui ne demandent qu’une chose : pouvoir courir pour performer.