Ismaïla Madior Fall figure parmi les cinq anciens ministres que le parquet souhaite voir traduits devant la Haute cour de justice. Via le ministère de la Justice, il a saisi en ce sens l’Assemblée nationale. Si les autres (Ndèye Saly Diop, Moustapha Diop, Sophie Gladima et Mansour Faye) sont visés dans le cadre de l’enquête sur l’utilisation du fonds Force Covid-19, l’ancien garde des Sceaux est soupçonné d’avoir trempé dans une affaire de corruption.
Dans son édition de ce lundi 28 avril, L’Observateur a livré les détails de ce sombre dossier. Le quotidien du Groupe futurs médias relaie le témoignage du promoteur immobilier nommé Cheikh Guèye.
Ce dernier affirme que Ismaïla Madior Fall lui aurait demandé 250 millions de francs CFA en contrepartie d’un protocole d’accord pour la réalisation d’un Centre de surveillance de bracelets électroniques sur le site attribué au ministère de la Justice pour la construction du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Le Centre devait être érigé sur 2075 m2 de l’assiette et coûter 576 millions de francs CFA. Suivant ledit protocole, Cheikh Guèye était censé, en guise de paiement, recevoir par dation une superficie de 9430 m2.
Si l’on se fie au récit de L’Observateur, le promoteur immobilier a fait ses déclarations face aux enquêteurs de la DIC, chargée par le procureur de Pikine/Guédiawaye, Saliou Dicko, de faire la lumière sur le terrain de 2 hectares, 85 ares et 14 centiares affecté au ministère de la Justice. Le chef du parquet de cette juridiction donnait ainsi suite à une requête du collectif Baïdy Sèye dont les membres lui avaient exprimé leur inquiétude à propos du fait que l’assiette en question empiétait sur la leur.
Dans le cadre de l’enquête de la DIC, l’ancien directeur de la Construction du ministère de la Justice, Mohamed Anas El Bachir Wane, a été entendu. Il confessera face aux policiers avoir mis en relation Cheikh Guèye et l’ancien ministre de la Justice pour la construction du Centre de surveillance de bracelets électroniques contre la remise de 9598 m2- superficie contestée par le promoteur, qui parle de 9430 m2.
Cheikh Guèye a déclaré avoir reçu le bail pour l’assiette qui lui a été attribuée grâce à l’aide de Ismaïla Madior Fall. «Il ajoute même que c’est l’ancien directeur des Domaines, Mamadou Guèye qui, au mois de juin 2023, lui a remis le bail», glisse L’Observateur.
Mais en septembre, le promoteur immobilier reçoit un message du ministre l’informant de l’annulation de son bail alors que, souffle-t-il aux enquêteurs, aucune notification en ce sens ne lui a été faite.
Cheikh Guèye a déclaré que lorsqu’il a signé le protocole d’accord avec l’ancien garde des Sceaux contre la remise de 250 millions, il a avancé à ce dernier 50 millions en espèces dans son bureau et en présence de Mohamed Anas El Bachir Wane.
«Il raconte que quelque temps après cette remise, Ismaïla Madior Fall insistait pour qu’il lui remette les 200 millions F CFA restants, relaye L’Observateur. Il avait refusé au regard des lenteurs dans la délivrance de son bail. C’est par la suite que le ministre lui a retourné les 50 millions F CFA [avant de lui notifier l’annulation du protocole].»
Selon le quotidien du Groupe futurs médias, les enquêteurs ont découvert que le bail a été établi sur la base de faux documents de la Commission de contrôle des opérations domaniales. Ils précisent que c’est un décret du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui a permis la reprise du site par l’État, complète la même source.
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