L’ancien président sénégalais Macky Sall a prononcé un discours percutant lors du Global Solutions Summit à Berlin, remerciant Christian Kastrop et Global Solutions pour leur invitation et saluant l’organisation de cet espace de dialogue « opportun et salutaire » dans un monde marqué par « tensions et incertitudes ». Face à un système multilatéral en crise, il a appelé à des réformes profondes pour répondre aux défis contemporains, en mettant l’accent sur quatre enjeux majeurs pour l’Afrique.
Paix, sécurité et lutte contre le terrorisme
Macky Sall a souligné la persistance des conflits et l’endémie du terrorisme, notamment au Sahel, critiquant les opérations de maintien de la paix « classiques » pour leurs mandats et moyens inadaptés. Il a plaidé pour des mandats « plus robustes » et un soutien accru des Nations Unies et des partenaires dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, affirmant que la lutte contre le terrorisme est une « responsabilité collective » du Conseil de sécurité.
Développement économique et justice mondiale
Avec ses ressources et 60 % des terres arables non exploitées de la planète, l’Afrique a un « potentiel » pour soutenir son développement et la croissance mondiale. Mais Sall a dénoncé un ordre économique « inéquitable », pointant les congés fiscaux abusifs et les notations biaisées des agences d’évaluation, qui renchérissent le coût du crédit. Il propose une refonte de la fiscalité internationale, des méthodes de notation, et un assouplissement des règles de l’OCDE pour faciliter l’accès au crédit export. « L’Afrique a besoin de règles justes et de partenariats équitables, plus que d’une aide publique aux ressources limitées », a-t-il insisté, citant les besoins en infrastructures estimés à 130-170 milliards de dollars par an par la BAD.
Transition énergétique et justice climatique
Sall a réaffirmé l’engagement de l’Afrique dans la lutte contre le réchauffement climatique, via des projets sobres en carbone, mais a dénoncé l’injustice imposée au continent, qui « pollue le moins » mais doit choisir entre développement et environnement. Il a critiqué des décisions unilatérales comme l’interdiction de financement des énergies fossiles à la COP26, et appelé à mobiliser des fonds pour une transition énergétique juste. En tant que président du Conseil de surveillance du Centre mondial pour l’adaptation, il a lancé un appel pour soutenir la deuxième phase (2026-2030) du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), visant à lever 25 milliards de dollars.
Réforme de la gouvernance mondiale
Sall a plaidé pour un multilatéralisme « plus inclusif » et « légitime », 80 ans après sa création, estimant que le système actuel alimente « frustrations et contestations ». Il a salué l’admission de l’Union africaine au G20 et le troisième siège africain au FMI, mais a appelé le Conseil de sécurité et la Banque mondiale à suivre cet exemple pour éviter une « fragmentation » du système, illustrée par l’élargissement des BRICS.
En conclusion, Sall a exhorté à une « espérance agissante » fondée sur le dialogue, la coopération et « notre humanité commune », pour « ressouder les fractures » et apaiser les tensions.
Au Global Solutions Summit à Berlin, j’ai fait une communication sur l'Afrique dans le multilatéralisme contemporain. Merci à M. Christian Kastrop, DG de Global Solutions Initiative, pour son aimable invitation.
L’intégralité de mon discours ➡️ https://t.co/BIoij9T8ggAt the… pic.twitter.com/ps84ct74he
— Macky Sall (@Macky_Sall) May 6, 2025
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