Ce n’est pas un hasard si Saint-Louis a été choisie cette année pour accueillir la Journée nationale de l’arbre. Loin d’un simple geste symbolique, la plantation officielle s’inscrit dans une dynamique de fond, portée par un projet aux contours stratégiques : ProLaRIME, lancé par l’Agence sénégalaise de reforestation et de la grande muraille verte (ASERGMV).
Ici, planter un arbre ne relève pas seulement de la sensibilisation ou de l’événementiel écologique. Il s’agit d’ancrer la reforestation dans les territoires eux-mêmes, au croisement de la résilience climatique, du développement communautaire et de la cohérence territoriale. En choisissant Saint-Louis comme point de départ d’un programme à long terme, l’État mise sur une synergie géographique assumée, entre les lieux symboliques, les urgences écologiques et les dynamiques locales.
Car Saint-Louis est plus qu’une ville hôte. C’est un territoire exposé, vulnérable à l’érosion côtière, aux effets du dérèglement climatique et à la déforestation historique. C’est aussi un espace de mémoire, de culture et de mobilisation, où la reforestation prend une valeur presque politique. Planter ici, c’est affirmer une volonté de réparer, de relier, de reconstruire un rapport organique entre société et environnement.
ProLaRIME n’est donc pas un projet isolé. Il ambitionne de faire de l’arbre un levier d’intégration locale, en mobilisant les collectivités, les associations, les écoles et les acteurs communautaires. L’approche territoriale permet de mieux adapter les espèces, les techniques, les usages et les attentes. Elle ouvre aussi la voie à une écologie qui ne soit pas hors-sol, mais enracinée dans les vécus, les besoins et les imaginaires.
Dans un pays où les politiques environnementales peinent parfois à dépasser le cadre des slogans ou des grandes conférences, cette articulation entre symbolique nationale et stratégie locale est peut-être le vrai tournant. Car planter un arbre, ce n’est pas seulement verdir une ville. C’est inscrire un avenir dans le sol, dans la durée, dans la main des communautés.
À Saint-Louis, ce geste prend racine.