En voulant laver l’honneur de leur frère, Mansour F., trois sœurs se sont retrouvées au centre d’une affaire d’adultère qui a fini devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. L’une d’elle, Nabou, étant en fuite, ce sont les deux autres, Seynabou et Marème, qui ont répondu, vendredi dernier, à la barre des accusations de violences et voies de fait, menaces et injures publiques, formulées dans une plainte par Ibrahima D., père de Ndèye Rokhaya D. et mari de Maty N., victimes présumées des mises en cause.
L’affaire a pris racine en avril dernier. D’après le récit de L’Observateur, qui a assisté au procès, la femme d’un enseignant a surpris Ndèye Rokhaya D., élève en classe de terminale, dans la chambre conjugale. Retrouvée nue, selon le quotidien d’information, cette dernière aurait tenté de se cacher dans la salle de bain. En vain. En larmes, l’épouse cocue se plaint auprès de ses belles-sœurs, Seynabou, Marème et Nabou.
Ces dernières décident alors de régler l’affaire à leur façon, par la manière forte. «Le 15 avril, rembobine L’Observateur, alors qu’elle rentre de l’école, Rokhaya D. est prise à partie devant son domicile. Selon ses déclarations, elle est traitée de ‘prostituée’, de ‘croqueuse de mari’ et menacée par les sœurs de son amant, armées d’objets tranchants. Sa blouse déchirée sera même placée sous scellés par la police.»
La mère de Rokhaya D., Maty N., tente de s’interposer, mais reçoit des insultes et est à son tour traitée de prostituée, selon le quotidien du Groupe futurs médias, qui reprend son témoignage à la barre. «Trois jours plus tard, c’est l’escalade, rappelle le journal. Seynabou loue un mégaphone pour donner aux humiliations un cachet public et populaire. Devant les habitants du quartier, mère et fille sont accusées de recevoir des hommes chez elles et de mener une vie dissolue.»
«Elles ont détruit notre réputation dans tout le quartier», a dénoncé à la barre Maty N., reprise par L’Observateur.
Les prévenues ont nié les faits. Le journal rapporte que Seynabou a juste reconnu avoir insulté l’amante de son frère, considérant son acte comme une réaction à l’«humiliation» subie, tandis que Marème a semblé légitimer l’agression en invoquant une «provocation». «Toutes deux ont nié l’usage du mégaphone, malgré les témoignages contraires», informe la même source. Qui conclut que le procureur, considérant les faits constants, a demandé l’application de la loi, et que le tribunal a relaxé les deux sœurs des accusations de violences et menaces, «faute de preuves suffisantes», avant de les condamner à six mois avec sursis pour injures publiques.