La République ne lâche pas ses ministres au terme de leur fonction. Au contraire, elle les accompagne financièrement durant un semestre, le temps qu’ils se reconnectent convenablement à leur vie normale.
En avril 2018, l’affaire avait fait du bruit. En effet, Thierno Alassane Sall avait été accusé d’avoir encaissé son salaire de ministre jusqu’à neuf mois après son départ du gouvernement, le 2 mai 2017. Faux avait répliqué l’ancien ministre de l’Energie, qui avait dévoilé ses preuves pour se défendre. Dans un courrier adressé au Directeur de la solde de l’époque, le 13 mars 2018, l’actuel leader de la République des Valeurs avait pourtant bien signalé “le virement de trois mois de salaire par erreur”.
Ayant quitté ses fonctions de Ministre au mois de Mai, ses émoluments auraient dû s’arrêter en novembre. Mais, les virements ont continué. Et l’ex-ministre a signalé à son interlocuteur que c’est le 12 mars qu’il s’est aperçu que les virements de salaire ont persisté jusqu’à la fin du mois de février. Ce qui correspondait à un surplus de 9,6 millions de francs Cfa. Montant qui avait ensuite été remboursé via un chèque adressé par M. Sall au Trésor.
Un accompagnement durant un semestre
A l’époque, la polémique, aux relents politiques, avait été brève, mais elle a permis de mettre la lumière de façon concrète, sur le traitement salarial dont bénéficient les anciens ministres. Car, les membres du gouvernement, quand ils sont démis de leurs fonctions, n’arrêtent pas de percevoir leurs émoluments de façon abrupte. Ils percevront durant un semestre, le salaire que leur verse la République jusqu’ici.
“Quand un ministre part, il conserve son salaire durant six mois. L’objectif derrière, c’est de lui permettre, le temps de retrouver un nouvel emploi, de ne pas avoir une rupture. C’est une sorte d’accompagnement qui prend fin après les six mois”, explique, à Seneweb, un ex haut responsable de la solde. Par exemple, Ousmane Diagne, Mountaga Diao ou encore le Général Jean Baptiste Tine, continueront de percevoir le même salaire jusqu’en février. “C’est en février qu’ils auront leur dernier salaire de ministre. Après c’est fini”, précise notre interlocuteur.
Autour de 17 millions de francs Cfa
Le salaire d’un membre du gouvernement étant de 2.9 millions de francs Cfa (Plus 1 million d’indemnité de logement) selon l’ex-ministre Abass Fall, ce sont donc 17,4 millions de francs Cfa qui leur seront versés durant le semestre qui suit leur défenestration. Mais, au terme de la fonction, tous les avantages liés au salaire s’arrêtent. Même les logements de fonction doivent être libérés, explique notre interlocuteur.
“Pour les directeurs, c’est immédiat. Après la passation de services c’est fini. Mais pour le ministre c’est un peu normal puisque c’est lié à leur fonction. Car vous êtes obligés de tout lâcher et de vous consacrer exclusivement à la fonction. Vous quittez parfois un poste international ou privé. C’est un peu cela la philosophie”, explique-t-il.
Ce qui se fait ailleurs
En effet, cette pratique ne se fait pas qu’au Sénégal. En France, par exemple, elle est encadrée par l’ordonnance numéro 58-1099 du 17 novembre 1958 portant loi organique pour l’application de l’article 23 de la constitution. Celle-ci dispose clairement, que “lors de la cessation de ses fonctions gouvernementales, le membre du Gouvernement auquel il a été fait application des dispositions des articles 2, 3 et 4 ci-dessus perçoit une indemnité d’un montant égal au traitement qui lui était alloué en sa qualité de membre du Gouvernement.Cette indemnité est versée pendant trois mois, à moins que l’intéressé n’ait repris auparavant une activité rémunérée”.
Et donc, 9440 euros bruts sont versés au ministre sortant, durant 3 mois. Contrairement au Sénégal où le versement est effectué durant 6 mois.