Le marché Castor, habituellement animé par les cris des vendeurs et les odeurs de légumes frais, traverse actuellement une période difficile. Entre flambée des prix et raréfaction des clients, les commerçants expriment leur inquiétude.
Assise derrière son étal, Fatou Gueye, vêtue d’une abaya multicolore, arrange machinalement quelques bottes de persil. Le regard préoccupé, elle confie que le prix du persil chinois est devenu insoutenable. « Avant, j’achetais le tas à 1 000 FCFA. Aujourd’hui, il me faut entre 7 000 et 10 000 FCFA pour en avoir. Nous voulons travailler, mais les produits sont trop chers et écouler la marchandise est devenu presque impossible, car il y a de moins en moins de clients », lâche-t-elle, visiblement dépassée.
Un peu plus loin, Mbaye Sarr, entouré de choux soigneusement empilés, partage le même constat. Selon lui, cette hausse est liée à la dépendance vis-à-vis des importations. « La majorité des légumes que nous vendons viennent du Maroc. Ceux cultivés au Sénégal se conservent mal. Les choux locaux, par exemple, ne survivent pas au contact de l’eau », explique-t-il.
À une centaine de mètres, sous un soleil de plomb, une mère du nom de Dieynaba Faye , son enfant attaché au dos, étale sur un grand plat métallique de petits tas de salade fraîche. Elle dénonce une autre cause de la cherté : la mainmise des grandes surfaces. « Les supermarchés comme Auchan achètent la majorité des salades directement chez les grossistes. Du coup, pour nous les petits marchands, il devient difficile de s’approvisionner. Cela explique pourquoi les clients trouvent la salade trop chère ici au marché », déplore-t-elle.
Dans les allées étroites du marché, les clients, moins nombreux que d’habitude, hésitent devant les étals. Certains négocient âprement, d’autres repartent les mains vides, découragés par les prix. Les vendeurs, eux, tentent de garder le sourire malgré l’incertitude. Cette flambée des prix menace non seulement leur activité, mais aussi l’accès des ménages aux légumes de première nécessité, dans un contexte déjà marqué par la cherté de la vie.