Damana Pickass, haut cadre du parti de l’ancien président ivoirien et désormais opposant Laurent Gbagbo, a été arrêté mardi près d’Abidjan, accusé d’avoir appelé à « l’insurrection populaire » avant la présidentielle du 25 octobre, a indiqué le procureur mercredi.
M. Pickass est par ailleurs le coordonnateur général du « Front commun » qui regroupe les deux principaux partis d’opposition du pays, le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam.
Ces deux dirigeants avaient été écartés par la justice du scrutin présidentiel remporté avec près de 90% des voix par le chef de l’Etat sortant Alassane Ouattara.
« Mardi, il a été procédé par la police nationale à l’interpellation à Bingerville » de M. Pickass, a déclaré le procureur Oumar Braman Koné dans un communiqué.
Son arrestation a été confirmée à l’AFP par le parti.
Avant la présidentielle, le Front commun avait appelé à plusieurs manifestations pour dénoncer l’exclusion de ses candidats, des marches qui avaient été interdites par le pouvoir. Une nouvelle marche est par ailleurs prévue samedi.
« Certains acteurs politiques, dont le nommé Damana Adia Pickass, ont appelé à l’insurrection populaire et au renversement des institutions de la République », poursuit le procureur Koné.
« Ces appels (…) ont conduit à la constitution d’attroupements armés et non armés » qui ont « occasionné des actes de violence portant atteinte à la sécurité nationale », ajoute t-il.
Le scrutin du 25 octobre s’est globalement déroulé dans le calme, mais n’a pas été exempt de violences dans ce pays où l’élection présidentielle est souvent synonyme de tensions politiques.
Au total, onze personnes sont mortes dans des manifestations avant le scrutin ou dans des affrontements intercommunautaires le jour du vote. L’opposition évoque un bilan de 27 morts.
Plus d’une centaine de personnes ont été condamnées à trois ans de prison ferme pour avoir participé à ces manifestations, selon leurs avocats.
Fidèle de longue date de Laurent Gbagbo, et tenant de l’aile dure de son parti, Damana Pickass était apparu pour la dernière fois le 16 octobre où, dans une vidéo d’une vingtaine de minutes, il appelait les Ivoiriens à manifester.
« Tous les Ivoiriens sont invités à occuper les rues de façon pacifique. Je vous invite à beaucoup plus de détermination, à beaucoup plus de volonté, à beaucoup plus d’engagement », avait-il déclaré.
Fin septembre, lors d’une convocation au tribunal, il avait dit avoir été « mis en garde » par le procureur qu’il serait arrêté en cas de troubles à l’ordre public.
Et en début d’année, il a écopé d’une peine de 10 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », concernant des faits remontant à 2021. En l’absence de mandat de dépôt, il n’a pas été incarcéré, comme cela arrive en Côte d’Ivoire, même pour de lourdes peines.

