« A défaut d’être à l’image de son père, mieux vaut vibrer au rythme de son temps. Chez les pionniers, réunir les deux en un seul est un sacerdoce porté avec brio « , nous dit Al Maktoum (nirou sa Baye, nirou sa djamonoo ko geune. Waay nirou sa Baye nirou sa djamono gnou neew gno ko meune). Le mérite de Serigne Babacar Sy (rta), c’est d’avoir su perpétuer l’œuvre de Mawdo (rta) face aux vicissitudes d’une époque assez abscons.
Nous sommes à Tivaouane en 1922. L’homme de Gaya tire sa révérence à une période où le colon n’a pas finit de dicter sa loi. La confession de Mawdo (rta) avait écarté toute tentation des marchands de foi allant dans le sens de choisir un successeur : « Il ne m’appartient pas de choisir mon successeur. C’est un problème qui dépasserait largement mes prérogatives. » « D »autres que Mawdo m’ont choisit », précisa Serigne Babacar Sy. Là, Al Maktoum parle de « consensus où les esprits rachitiques n’ont pas leur place. »
Les héros du ciel se sont pliés face à la forte personnalité et à la grandeur d’Ababakar Sy (rta). Mufti, mystique, théologien, poète, docteur de la foi, docteur de la loi…la rigueur est le mot maître de l’action du Khalife. Rigueur qui se hissa à la hauteur des aspirations de ceux là même qui représentaient l’autorité coloniale. » La France, qui avait l’habitude de nous envoyer de grands missionnaires, ne nous expédient plus que de simples salariés », se lamentait-il assez souvent. Sa fameuse suggestion à Senghor-accorder une double nationalité à un homme doublement colonisé-reste l’une des remarques les plus rares et les plus pertinentes que l’on ne puisse faire à un chef politique.
« Mon fils Ababakar Sy a remplit tous ses devoirs », ébruite avec fierté la mère Sokhna Rokhaya Ndiaye. Et le khalife de s’immiscer pour confirmer de tels propos : » J’ai remplit tous mes devoirs religieux sans défaillance aucune vis-à-vis de mon créateur (…) j’ai respecté toutes les recommandations divines. »
Maam Cheikh
Chroniqueur