Au lendemain de l’élimination du Sénégal à la Coupe du Monde Qatar 2022, l’opinion publique avait pointé du doigt le manque de sparring-partners dignes des champions d’Afrique d’alors pour être en mesure de titiller de grandes équipes comme l’Angleterre, bourreau des Lions en 8e de finale de la Coupe du Monde.
Plaintes reçues par la Fédération Sénégalaise de Football ? Après le Brésil en 2019 d’abord (1-1) puis en juin 2023, le Sénégal franchit un cap symbolique en affrontant l’Irlande le 6 juin et l’Angleterre le 10 juin lors de deux rencontres amicales. Ces duels, bien plus que de simples amicaux, révèlent une ambition claire : confirmer les Lions parmi les nations incontournables du football mondial, apprivoiser la crème du football mondial, tout en réaffirmant leur leadership sur le continent africain.
Depuis leur sacre à la CAN 2021 au Cameroun et leur parcours au goût d’inachevé en Coupe du Monde au Qatar, avec notamment une élimination en huitièmes de finale face à l’Angleterre, la FSF travaille à redéfinir les ambitions de l’équipe nationale. En programmant des matchs contre des sélections réputées comme le Brésil, battu au Portugal en juin 2023. Les rencontres amicales contre l’Angleterre, finaliste de l’Euro 2020, et contre l’Irlande (60e au dernier classement FIFA), en reconstruction avec des joueurs internationaux de haut niveau, affirme la volonté de la Fédération sénégalaise à adopter une vision stratégique en vue des prochaines échéances internationales.
Il ne s’agit plus seulement de se mesurer aux habituelles sélections africaines, mais de défier l’élite mondiale, souvent considérées comme le baromètre du football mondial. Ces confrontations offrent aux Lions un double avantage : gagner en crédibilité internationale en affrontant des équipes classées parmi les 20 premières au monde, comme l’Angleterre (4ᵉ au dernier classement FIFA), et préparer l’avenir, avec en ligne de mire les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, où le Sénégal visera à confirmer son statut de favori dans le groupe B.
En choisissant des adversaires de premier plan, le Sénégal envoie un signal fort au continent africain. Alors que les sélections africaines sont souvent critiquées pour leur manque de régularité face aux Européens, les Lions montrent la voie en osant défier les meilleurs pour progresser. Cette philosophie rappelle celle du Maroc, récent demi-finaliste mondial, et pourrait inspirer d’autres nations à revoir leur calendrier de matchs amicaux.
Ces rencontres sont aussi l’occasion de renforcer la visibilité du football africain : une performance convaincante face à l’Angleterre, alignant des stars comme Harry Kane ou Jude Bellingham, pourrait contribuer à modifier les perceptions et à attirer davantage de regards vers un continent riche en talents au moment où la CAN reste encore pour certains une “compétition secondaire’’.
En définitive, ces matchs incarnent une volonté de briser les plafonds de verre et d’imposer le Sénégal comme une vitrine du football africain. Dans un paysage continental en pleine mutation, les Lions se positionnent en pionniers, prouvant que le talent, couplé à une ambition sans complexe, peut redessiner les hiérarchies établies. À l’aube d’une nouvelle ère, le Sénégal n’est plus seulement le porte-drapeau de l’Afrique : il en est désormais l’ambassadeur ambitieux, prêt à rugir sur tous les prés.