Il y a des trajectoires qui, au premier regard, semblent tracées à l’avance. Né le 27 mai 2004, à Marseille, une ville où le ballon est une religion, Antoine Mendy a connu le parcours d’un gamin patient, façonné par l’ombre avant de goûter à la lumière. Aujourd’hui, à 21 ans, le défenseur incarne la nouvelle vague niçoise et rêve de graver son nom dans l’histoire des Lions du Sénégal.
Dans cet entretien accordé à l’Observateur par l’intermédiaire de l’équipe des partenariats médias à l’international de la Ligue 1 McDonald’s, le latéral des «Lions» de la Téranga (il a été appelé pour la première fois en équipe nationale du Sénégal en mars 2025 pour prendre part aux éliminatoires à la Coupe du monde 2026) raconte ses premiers pas dans la tanière et dit ses ambitions pour le football sénégalais.
Comment vis-tu ta progression au sein de l’effectif professionnel de Nice ?
Ça fait 5 ans maintenant que j’ai connu le monde professionnel avec l’OGC Nice, qui est mon club formateur. Et donc, durant ces 5 ans, j’ai eu plusieurs coaches, j’ai eu la chance d’avoir plusieurs joueurs à l’effectif européen, des stars et des joueurs de haut niveau. Avec tous ces passages, j’ai su débuter latéral droit. Et après, j’ai appris à connaître le poste de défenseur central. J’ai su gagner en expérience avec le travail de chacun des coaches et chacun des joueurs. C’est cet apprentissage qui m’a permis de progresser et de maintenant jouer avec l’OGC Nice.
Tu as fait une saison pleine l’exercice passé. Quelles sont les différences entre le niveau de la formation et celui de la Ligue 1 ?
Le niveau de la formation avec le niveau de la Ligue 1, c’est différent. Le football professionnel, c’est le très haut niveau. Tout se joue sur les petits détails. Et les petits détails, c’est ça qui va donner l’issue du match. C’est important de rester concentré à chaque match et de, tout le temps, se donner à fond et ne rien négliger. La Ligue 1, c’est une très bonne Ligue. Ça fait partie du top 5 européen. Dans les différentes Ligues, il y a plusieurs styles de jeu. En Ligue 1, ça se passe très bien. C’est là où j’ai fait mes débuts en professionnel. Je me sens bien dans ce championnat.
Comment décrirais-tu ton style de jeu, tes qualités et ce que tu dois encore améliorer ?
Mon style de jeu, on va dire, je suis un joueur puissant. J’aime bien les duels, en tant que défenseur. J’aime bien relancer les ballons, court ou long. Je suis joueur quand même. Après, il ne faut pas trop prendre de risques. Mais je n’ai pas peur de relancer court, prendre des risques. Et c’est comme ça qu’on débloque des choses dans le match et permettre peut-être d’avoir une action au bout qui va finir par un but. Je peux aller faire des courses, même si je suis défenseur central droit. Je peux aller aider le piston. Je peux aussi jouer latéral à quatre et central à quatre aussi. Je peux jouer un peu de partout. Et voilà, c’est ça qui fait ma force.
Quelle place occupent le staff et le collectif niçois dans ta progression actuelle ?
Le collectif Niçois et le staff mettent tous les jours un travail aux entraînements. Et après les entraînements, on fait un travail supplémentaire. On essaie de perfectionner ce qui manque dans mon rôle de défenseur ou latéral. C’est important pour régler ça le week-end et qu’il n’y ait plus de problème.
Vous allez jouer la deuxième journée de la Ligue 1 ce week-end. Quels sont tes objectifs personnels pour cette saison avec Nice ?
Mes objectifs personnels cette saison, c’est d’avoir une continuité et d’être constant. De monter en puissance. Et j’espère qu’on va faire une belle saison et aller encore chercher cette place en Europe avec un beau parcours en Coupe de France et en Europa League.
Comment arrives-tu à gérer la pression du haut niveau à ton âge ?
A mon âge ? J’ai 21 ans. Depuis deux ans, je gère mieux. Maintenant, on va dire qu’on est un habitué. C’était plutôt au début qu’il y avait une pression. Vu qu’on avait envie de bien faire et de ne pas se rater. On ne se pose plus cette question. On se donne à fond pour le collectif et c’est ça le plus important.
Tu as choisi de représenter le Sénégal sur la scène internationale. Peux-tu nous expliquer ce choix ?
C’est le coach Pape Thiaw qui est venu vers moi. D’abord c’était un appel avec mon agent. Ça s’est très bien passé parce que mes parents sont Sénégalais, natifs du Sénégal. Je suis aussi de nationalité sénégalaise. J’avais aussi la possibilité de jouer avec l’équipe de France. D’ailleurs, j’ai fait des sélections en U20. J’ai fait deux rassemblements. Le Sénégal est venu et c’était pour les éliminatoires pour la Coupe d’Afrique des Nations. C’était un bon challenge. Le sélectionneur Pape Thiaw m’a demandé si j’étais prêt. J’ai répondu direct oui parce que c’était un rêve aussi de jouer avec des grands joueurs européens. Des stars comme Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Gana Gueye… Je les ai suivis quand ils ont remporté la CAN 2021. Ça m’a donné envie aussi d’aider ce peuple sénégalais à vivre de bonnes émotions. Mon choix du cœur s’est penché vers le Sénégal et je ne regrette pas du tout ce choix.
Qu’as-tu ressenti lors de ta première convocation avec les Lions de la Téranga ?
Ce premier rassemblement avec ce premier groupe et ce premier match qui avait pour enjeu les éliminatoires pour la Coupe du Monde 2026. Ça s’est très bien passé, c’était exceptionnel. Je n’ai eu que de belles émotions. A mon arrivée, je me suis bien entraîné avec un groupe qui m’a très bien accueilli. Sadio Mané, Moussa Niakhaté, Boulaye Dia… toute l’équipe a su m’intégrer correctement dans ce collectif. Puis le week-end, il y avait le match contre le Soudan. J’ai commencé titulaire, on a fait match nul. Avec ce groupe, je me suis senti très bien. Je me suis senti comme un Lion. On a fait une belle performance, même si on n’a pas réussi à gagner le match, malgré la domination. Contre le Togo, match qu’on a remporté, j’ai joué 35 minutes. Ça s’est très bien passé. Ce match je l’ai vécu avec le peuple sénégalais. C’était mon premier au Sénégal, il y avait les supporters…c’était vraiment bien.
Comment s’est passée ton intégration dans le vestiaire sénégalais ?
Moi, à chaque fois que je rentre sur un terrain, je me donne à fond. Je ne me laisse pas de répit. Et quand on se donne à fond, on gagne la confiance des autres joueurs. C’est pour ça que direct, on sent que je suis sérieux. Ce n’est pas donné à tout le monde. C’est comme ça que j’ai réussi mon intégration.
Que représente pour toi le maillot vert, jaune et rouge avec l’étoile ?
Ce maillot représente la fierté d’être sénégalais. J’ai hâte d’aller chercher une qualification à la Coupe du Monde, en espérant très fortement et faire un beau parcours à la CAN. Pourquoi pas remporter la CAN. On a les objectifs pour et on a des joueurs européens. J’espère faire de très beaux parcours cette saison.
Et avec l’équipe nationale, quelles sont tes ambitions à court et moyen terme ? (CAN, Coupe du Monde, rôle futur dans la défense sénégalaise, etc.)?
Oui, c’est totalement dans mes ambitions de gagner la CAN et pourquoi pas la Coupe du Monde. Après, mes ambitions c’est aussi d’aller chercher une place importante au sein de cette équipe du Sénégal. Je sais que ça va être difficile, car il y a de très bons joueurs avant moi. C’est pour ça qu’il faudrait que je continue d’abord à bien travailler en club.
Ça va passer par Nice et après, on verra ce qui arrivera. Mais bon, c’est ça mes ambitions. Il faudrait que j’ai un rôle important dans cette équipe. Et je sais que ça passe par le travail.
Quels modèles ou joueurs t’inspirent le plus dans ta carrière (au Sénégal et dans le football mondial)?
Sadio Mané. Au Sénégal, c’est la figure emblématique de cette nation et j’ai eu la chance de jouer avec lui. Après, il n’y a que des joueurs exceptionnels de cette équipe du Sénégal qui jouent en Europe. Je peux vous citer toute l’équipe. J’adore tous les styles de jeu qu’il y a dans cette équipe du Sénégal. Les joueurs qui m’inspirent…moi, j’étais attaquant il y a 4 ans. Du coup je vais dire Cristiano Ronaldo.
Racontez-nous comment s’est fait ce changement d’attaquant à défenseur ?
En 2018, j’ai fait un match, pour dépanner, latéral droit. Le coach m’a testé. Il m’a remplacé latéral droit et il a vu que j’étais bon. C’est comme ça que je suis passé défenseur avec l’équipe professionnelle.
Et certainement, ce rôle d’ancien attaquant vous confère également des qualités dans les phases offensives ?
Oui, je peux jouer latéral droit, piston droit, défenseur central à trois, à quatre. Tous ces postes me conviennent. A chaque poste, on se donne à fond et on donne le meilleur de soi.
Quel lien gardes-tu avec le Sénégal au quotidien ?
Le lien que je garde avec le Sénégal ? Je n’étais jamais venu au Sénégal avant la sélection. Pendant ces vacances, j’ai eu la chance d’aller voir le village natal de mes parents. C’est dans le Balantacounda, à Djibanar (département de Goudomp- région de Sédhiou). J’ai eu la chance d’assister à l’ouverture d’un gala avec le village et tous les peuples sénégalais qui pouvaient se déplacer. Je les remercie parce que ça s’est très bien passé. J’ai découvert la famille et le village. Maintenant, je garde ce lien avec eux et j’essaie de partager mon quotidien le plus possible.