La fondation Friedrich Ebert a abrité, ce mardi, la cérémonie officielle de restitution du rapport général des Assises nationales des médias. Après deux années de travaux, le document a été présenté aux acteurs de la presse.
En effet, les grandes lignes de ce rapport posent les bases d’un avenir plus professionnel, solide et durable pour les médias sénégalais.
Pour en revenir au processus, il faut noter que durant deux ans, six commissions thématiques ont conduit 78 réunions, mobilisant 8 565 participants issus de tous les segments de la société : professionnels des médias, universitaires, partenaires techniques, financiers et institutionnels. Du moins, selon Matar Silla, président du comité scientifique des Assises nationales de la presse.
À l’en croire, « 732 pages de rapports de commissions, un rapport général de 94 pages et une synthèse » résume bien ce travail.
Matar Silla rappelle que ce travail n’aurait pas été possible sans l’engagement des associations de presse, regroupées dans la Coordination des associations de presse (CAP) mais aussi des partenaires. « Il est temps que les médias sénégalais bâtissent un avenir professionnel et solide. Ce rapport est une feuille de route pour relever les défis, structurer le secteur et le rendre durable », d’après M. Silla.
Entre auto-introspection et alerte
Pour Ibrahima Lissa Faye, coordonnateur de la CAP, « la presse sénégalaise a osé nommer ses maux. Le secteur fait face à de nombreux défis que sont précarité économique, absence de cadre juridique adapté, risques pour la sécurité des journalistes, fragilité des entreprises de presse et manque d’adaptation face à la révolution numérique ».
Il ajoute : « Ce rapport n’est pas un simple état des lieux. C’est un appel aux autorités à saisir ce qui a été fait pour agir immédiatement, à court et à long terme. »
Rapporteur général, le journaliste Cheikh Thiam est revenu sur les recommandations qui insistent sur la nécessité d’un dialogue permanent entre la tutelle et les acteurs du secteur. » Au-delà de leur mission de service public, les entreprises de presse doivent devenir compétitives et performantes, tout en restant les garantes de l’éthique, de la déontologie et du pluralisme », a dit le rapporteur.
Entre autres recommandations : « Moderniser le cadre juridique et institutionnel, notamment en réformant le CNRA, jugé obsolète, et en adoptant un Code de la publicité adapté aux réalités actuelles, assurer la viabilité économique du secteur à travers des modèles de financement innovants et durables, renforcer la production de contenus de qualité, en adéquation avec les réalités sociales, économiques et culturelles du Sénégal, protéger les journalistes et techniciens, en intégrant la sécurité dans les politiques publiques et inscrire les médias dans l’agenda de développement national, notamment dans la vision Sénégal 2050, en valorisant leur rôle stratégique dans la démocratie, la paix sociale et la cohésion nationale. »
Dans la même dynamique, Saphie Ly Sow, de Media Foundation for West Africa, a souligné l’importance de cet exercice : « Les cœurs sont lourds face aux défis, mais nous restons vaillants. La liberté de la presse n’est qu’une facette de la liberté d’expression. Elle est la voix des femmes, des enfants, de tous ceux qui ont besoin d’être entendus. »
De son côté, Harmonie Koutssivitis, cheffe de mission adjointe de l’Union européenne au Sénégal, a rappelé l’engagement de l’UE.« Une presse libre est essentielle pour garantir l’accès à une information fiable, qui est un droit fondamental des populations. Les médias jouent un rôle clé dans la participation citoyenne, le renforcement de la paix et la consolidation de la démocratie » explique-t-elle. Avant d’insister sur la nécessité de lutter contre la désinformation, en renforçant la vérification des faits et en saisissant les opportunités offertes par le numérique, notamment pour la formation.
Pour sa part, Mamadou Thior, président du comité de pilotage des assises, a salué un travail « méticuleux et inclusif », avec l’espoir que ce rapport soit plus qu’un simple document de consultation. « Nous pouvons repartir sur de nouvelles bases. Ce rapport prend en compte la sécurité des journalistes, les nouveaux médias, les conditions de travail, la viabilité économique, mais aussi l’adaptation aux mutations technologiques », a-t-il conclu.