L’affaire El Hadji Mor Seck, animateur de la 7Tv et influenceur, a pris une tournure judiciaire étonnante. Interpellé par la police, il a filmé son propre transfert vers le parquet à bord du véhicule de police et a diffusé la vidéo sur TikTok, un acte que le Parquet a qualifié d’«atteinte grave à la crédibilité de la Justice » et pour lequel trois mois de prison ferme ont été requis.
Les faits remontent au 30 octobre 2025, lorsque El Hadji Mor Seck a été interpellé à son domicile par la Brigade de recherches du commissariat de Pikine, sur instruction du Procureur du Tribunal de Pikine-Guédiawaye. Selon L’Observateur, El Hadji Mor Seck connu pour ses vidéos virales sur TikTok, était visé pour « discrédit sur la justice, atteinte à l’Administration judiciaire, diffusion de fausses nouvelles et collecte illicite de données à caractère personnel ».
Le cœur de l’affaire réside dans une courte vidéo tournée par lui-même durant son transfert. Dans cette séquence, il raconte son interpellation, menotté, et émet des propos perçus comme un défi à l’autorité judiciaire : « J’ai été victime de menaces de mort et depuis, c’est moi seul que la police convoque. Ce 30 octobre, j’ai été cueilli à mon domicile sur instruction du Procureur. J’ai été menotté. Je comprends maintenant, car l’autre partie m’avait dit qu’elle était puissante et bien connectée ».
L’origine de cette convocation est un vieux conflit de voisinage l’opposant à Abdoulaye Diop, un entrepreneur local. L’altercation initiale, survenue la veille de la Tabaski, portait sur un salut mal interprété. El Hadji Mor Seck avait déposé plainte, affirmant que son voisin l’avait menacé de mort et se vantait d’avoir des appuis au sein de la police.
Cependant, la version d’Abdoulaye Diop est toute autre. Il a démenti toute menace, accusant l’animateur d’être venu le provoquer et de le filmer sans autorisation. Des témoins, voisins des deux parties, ont confirmé avoir assisté à une simple dispute verbale, sans violence ni menaces physiques.
Les enquêteurs ont souligné que la diffusion de la vidéo en pleine exécution d’un ordre du Procureur constitue une circonstance aggravante pour l’animateur.
Face aux enquêteurs, El Hadji Mor Seck a reconnu avoir filmé et publié la vidéo, mais a tenté de minimiser son geste, se disant « paniqué » et agissant « sous le coup de la peur ». Marié et père de deux enfants, il a déclaré : « Je voulais juste dénoncer les menaces que je subissais. Ce n’était pas contre la Justice, mais contre l’injustice que je ressentais ».
Lors de l’audience tenue hier au Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, son avocat, Me El Hadji Diouf, a plaidé la clémence. « Mon client est un citoyen qui a eu peur. Il a paniqué et a réagi à chaud. Ce n’est pas un délinquant, mais un animateur qui s’est laissé emporter par l’émotion », a-t-il soutenu.
Malgré la défense, le Procureur a maintenu une position de fermeté, considérant qu’il n’appartient à personne de « salir la Justice sur les réseaux sociaux ». Il a requis une peine de trois mois de prison ferme contre l’animateur. La demande de liberté provisoire introduite par la défense a été rejetée. Le délibéré de cette affaire très médiatisée est attendu pour le vendredi 14 novembre.

