Depuis son arrivée en 2013 en tant que sélectionneur adjoint, le technicien a participé à la résurrection de l’Equipe Nationale féminine du Sénégal qu’il a permis de pouvoir rêver en grand : le fruit d’un travail minutieux dépassant le strict cadre du rectangle vert.
Mame Moussa Cissé a été témoin des faits en Equipe Nationale féminine du Sénégal depuis maintenant plus d’une décennie. Le temps passe vite mais il semble plus que jamais l’homme de la situation. De sélectionneur adjoint à principal, il s’apprête à mener la sélection nationale féminine à sa quatrième phase finale de Coupe d’Afrique des Nations, soit la deuxième de suite. Mais ne comptez pas sur lui pour donner un cours magistral pour révéler, expliquer ou défendre sa tactique. Même dans un monde où le football féminin ne cesse de progresser dans tous les sens, le personnage n’est pas du genre à vouloir accaparer la lumière médiatique.
Il laisse à l’opinion la pleine liberté de se faire l’idée qu’elle veut de lui. Non pas que cela ne lui importe pas – il reste plutôt susceptible –, mais son vécu fait qu’il sait qu’il y a eu des grandes avancées dans son milieu. « J’ai énormément appris, sur moi-même, sur la compétition, sur le football féminin. En 2019, quand je suis arrivé, on en parlait à peine au Sénégal. Aujourd’hui, c’est devenu une réalité. L’équipe est suivie, critiquée, attendue. C’est un bon signe : cela signifie qu’on nous prend au sérieux. Il y a quelques années, publier une liste ne suscitait aucune réaction », a-t-il confié dans une interview avec la CAF, publiée sur le site de l’instance dirigeante du football africain.
La culture de l’humilité et du sérieux
Avec Mame Moussa Cissé, ne comptez pas vraiment sur ses joueuses pour livrer ses secrets, cela malgré le bruit qui circule parfois dans les vestiaires. Contactées pour témoigner sur leur sélectionneur, la plupart d’entre elles se sont contentées de le remercier pour la confiance accordée. D’autres se sont donné le plaisir de décrire un « meneur d’équipe », un « conseillé » et même plus loin un « père spirituel ». Pour la plupart de ses joueuses, Mame Moussa Cissé « essaie d’être assez proche de nous, mais aussi d’avoir une certaine distance, car parfois il le faut pour maintenir tout le monde en alerte et se concentrer davantage dans les objectifs, parce que c’est comme ça qu’on arrive à performer. »
Pour être efficace en tant que sélectionneur, «MMC» apprend à ses joueuses à « cultiver l’humilité et le sérieux », nous renseigne-t-on. Après la CAN historique en 2022 et cette place en quarts de finale, la Fédération Sénégalaise de Football s’est attelée à mettre l’Equipe Nationale féminine dans un cadre plus propice. Tout est toujours pensé pour que les Lionnes ne se trouvent pas trop belles. Dernièrement, Cissé n’a eu de cesse d’insister auprès de son groupe pour rester « sérieux ». Une demande qui ne s’arrête pas aux confins du vestiaire, elle va jusqu’au terrain où le moindre détail importe et la moindre erreur peut agacer le technicien national.
« Il faut comprendre la spécificité de ce football. Les filles, une fois qu’elles vous font confiance, se donnent à fond. Elles sont à l’écoute, appliquées, et cherchent à progresser, précise-t-il à la CAF. Il faut être juste avec elles, leur parler avec sincérité, adapter son approche. Certaines ne supportent pas qu’on leur crie dessus ; avec d’autres, il faut discuter en dehors du terrain pour les rassurer ou recadrer. C’est un travail plus exigeant, plus individualisé. Il faut aller vers elles, comprendre ce qui se passe aussi en dehors du football. Cela demande plus de temps, plus de patience. Mais si vous avez la passion, vous pourrez vraiment les faire progresser. Et c’est ce qui rend cette mission aussi belle qu’exigeante. »
« On reste dans notre ligne »
En étant proche de ses joueuses et en mettant tous ses détails dans leur tête, Mame Moussa Cissé les permet de grandir humainement mais aussi sportivement, et c’est ainsi qu’elles seront capables de relever les défis, même pour les plus jeunes. Certaines diront que le sélectionneur chemine avec les mêmes joueuses depuis toujours. Pourtant, c’est loin d’être le cas. Car, sur les 26 joueuses qui étaient présentes lors de la CAN 2022, seules 13 seront du rendez-vous cette année. Preuve que le sélectionneur national n’est pas si conservateur que ça. Et nul doute que c’est encore plus difficile d’atteindre certains objectifs quand on veut tout chambouler en même temps. « On reste dans notre ligne : humilité, réalisme, et cohérence. On connaît notre contexte, notre progression, et notre cap », assure Mame Moussa Cissé. Alors cap vers les sommets au Maroc ? Le temps nous le dira. Mais force à d’avouer qu’avec Mame Moussa Cissé, les Lionnes tiennent un meneur pour rêver.