Révélée lors de la CAN 2022 et désormais cadre de l’Olympique de Marseille, Awa Diakhaté incarne l’ambition retrouvée des Lionnes de la Teranga. À quelques semaines du coup d’envoi de la CAN Féminine 2024 au Maroc (5-26 juillet 2026) , l’attaquante de 28 ans affiche ses ambitions, revient sur son parcours semé d’embûches et sur son rôle d’ambassadrice des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026. Avec un objectif : aller chercher ce titre continental qui échappe encore aux Lionnes.
« On ne vient pas pour participer »
Quand elle parle de la CAN, ses yeux brillent. Pas de nostalgie, mais une promesse. Celle de revenir plus forte, plus décisive, plus prête que jamais. Awa Diakhaté, 26 ans, attaquante de l’Olympique de Marseille, est la flèche qui guide les Lionnes du Sénégal vers la CAN 2024 au Maroc. Deux ans après une élimination crève-cœur en quart de finale contre la Zambie – aux tirs au but (1-1, 4 tab 2), avec un penalty manqué par elle-même – la native de Richard-Toll revient avec la rage au ventre. « On avait la Coupe du Monde au bout des doigts… Ça fait mal, mais on a appris. La CAN, ça se gagne. Et cette fois, on vient pour ça. » Dans le Groupe A avec le Maroc, la RD Congo et la Zambie, le Sénégal n’a pas hérité d’un tirage tendre. Mais la Sénégalaise lucide et affamée, assume l’ambition sans détour : « On ne vient pas juste pour participer. Sortir de la poule, aller loin, viser le trophée… c’est ça notre objectif. »
Et si elle peut le dire avec autant d’assurance, c’est parce que cette équipe sénégalaise a changé de visage. Fini le temps des découvertes et des excuses. Place à une génération mûre, soudée, affûtée. « La majorité des filles ont déjà joué une CAN. On n’est plus des novices. On sait ce que ça coûte, on sait ce que ça demande. On est prêtes. » Le ton est posé, mais ferme. Ce groupe-là n’a plus peur de rien. Même pas de croiser les hôtes marocaines en ouverture. « On connaît nos adversaires. On a déjà joué contre eux. Mais maintenant, il faut faire le boulot. Le reste, ce sont juste des noms. » Derrière cette confiance tranquille, il y a un vécu collectif, et des repères solides. L’expérience de la dernière CAN, le barrage manqué pour le Mondial, le duel contre Haïti, le Japon… Autant d’épreuves qui ont forgé une équipe et façonné une leader.
De Dakar à Marseille, une trajectoire éclair et un message fort
Cette leader, c’est elle. Et elle le revendique. Pas avec des phrases toutes faites, mais avec une sincérité brute, presque désarmante. Awa Diakhaté ne triche pas. Elle vient de loin. Avant 2022, elle n’avait pas de club. Elle jouait au pays, sans contrat. Puis il y a eu la CAN. Et un déclic. « C’est là que tout a changé. Je marque le premier but du Sénégal dans le tournoi, et derrière, j’ai été repérée. Aujourd’hui, je joue à l’OM. C’est une fierté. Mais c’est grâce à l’équipe nationale. » À Marseille, elle a trouvé un cadre, un niveau, une exigence. Elle s’y est imposée avec sa vitesse, sa percussion et sa patte gauche soyeuse.
Surnommée “Neymar” depuis les sélections U20, elle en rit aujourd’hui, mais ce surnom en dit long : dribbleuse, imprévisible, électrique. Une joueuse qui aime les grands rendez-vous. Et qui veut désormais transmettre. « Il y a des filles ici en sélection qui n’ont pas de club. Je leur dis à chaque fois : la CAN, c’est une vitrine. Il faut tout donner. »
Car au-delà du rectangle vert, Diakhaté est aussi une voix. Celle d’une génération qu’elle veut inspirer. Ambassadrice officielle des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026 (du 31 octobre au 13 novembre), elle sait que son rôle dépasse les buts et les statistiques. « Ces Jeux, c’est une chance pour le Sénégal, pour l’Afrique, pour les jeunes. Et moi, si je peux motiver, encourager, faire rêver des petites filles, alors je le fais. »
Elle le fait aussi parce qu’elle a connu les galères, les terrains sablonneux, les entraînements sans ballon. Parce qu’elle sait que le talent seul ne suffit pas, qu’il faut de la visibilité, du soutien, des structures. Et c’est aussi ce que représente pour elle cette CAN. « C’est bien plus qu’un tournoi. C’est un tremplin. Une opportunité pour celles qui n’ont pas encore eu leur chance. Une CAN peut changer une vie. La mienne en est la preuve. »