Dans un entretien accordé à L’Observateur, le directeur du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI), Mamadou Ndiaye, assène ses vérités. Il est la cible de critiques depuis sa dernière publication sur les réseaux sociaux relative à la communication institutionnelle.
«En tant que citoyen, en tant qu’enseignant-chercheur, il m’arrive régulièrement de m’exprimer sur mes plateformes sur les réseaux sociaux, sur des questions relatives à la vie de la Nation ou sur des questions techniques en sciences de l’information et de la communication. J’ai remarqué que sur beaucoup de visuels partagés par des ministères, des agences, des établissements publics ou des syndicats, figuraient en bonne place les photos des ministres, Directeurs généraux ou autres. J’ai alors dit que les directeurs, chargés de communication ou chefs de cellules qui ont affiché les ministres, Dg ou maires sur les visuels de vœux pour la Korité ne comprennent rien à la communication institutionnelle.»
Que leur reproche-t-il ? «Cette forme de communication vise à faire connaître les valeurs de l’organisation, à améliorer l’image, la notoriété et à créer un environnement favorable. En cela, elle doit porter sur l’institution elle-même, sur l’organisation dans son ensemble. Ce n’est absolument pas une communication qui met en avant un ministre, un Dg, un maire, etc.»
D’ailleurs, assène-t-il, «nous le savons tous, de nombreux responsables de la communication n’ont pas de compétences avérées» : «Souvent, c’est le militant, le petit neveu qui vient à peine d’obtenir une licence théorique, le journaliste sans grande expérience, qui sont recrutés à ces postes.»
C’est ainsi que l’interlocuteur du journal a «suggéré aux responsables de la communication de mettre en avant les organisations qui les emploient et d’arrêter de se focaliser sur les dirigeants» car, estime-t-il, «si l’organisation brille, le dirigeant brille avec». Autre suggestion : «J’ai proposé 10 exemples de visuels comme corpus [et Dieu sait que la liste n’est pas exhaustive]. Et pour finir, j’ai indiqué une solution: la formation, au Cesti notamment, école d’excellence.»
Depuis, relève-t-il, «des proches du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation [Mesri], et un membre de son Cabinet ont jugé utile d’investir [s]es plateformes sur les réseaux sociaux ou de [l]’appeler pour [lui] apporter la réplique avec un ton discourtois».
«Un monsieur qui prétend être un conseiller technique du Mesri, manifestement inculte, m’a appelé ce jour de ‘Korité’ pour me reprocher de faire le marketing du Cesti et de critiquer mon ministère de tutelle publiquement alors que lui-même et le ministre sont des spécialistes de la discipline Communication. Il oublie que c’est le professeur assimilé en Sciences de l’information et de la communication qui a parlé dans le post précédent. J’ai mis le doigt sur une pratique peu orthodoxe qui ressemble plus à de la propagande politique que de la communication institutionnelle», maintient-t-il.
L’enseignant-chercheur de conclure : «[…]. J’ai informé le Saes [Syndicat autonome des enseignants de l’enseignement supérieur] pour que cessent de telles pratiques. Je suis surpris par cette réaction. Si ce sont des éléments du Mesri qui se comportent ainsi, la liberté d’expression est menacée. Mais qu’ils sachent que c’est peine perdue. À l’Université, il n’y a d’autorité que scientifique.»