Présent à Los Angeles pour suivre le Mondial des clubs, le vice-champion du monde 2006 Claude Makélélé s’est longuement confié à la FIFA.
-
Claude Makélélé, désormais FIFA Legend, s’est confié à la FIFA
-
L’ancien milieu de terrain a porté les couleurs du Paris Saint-Germain, du Real Madrid et de Chelsea, trois clubs présents à la Coupe du Monde des Clubs 2025™
-
Le vice-champion du monde 2006 donne ses impressions sur le tournoi qui bat actuellement son plein aux États-Unis et livre quelques anecdotes sur sa carrière exceptionnelle
« Dans la vie, il faut toujours avoir le sourire ». Cette phrase, signée Claude Makélélé juste avant le début de l’entretien exclusif qu’il a accordé à la FIFA, est un mantra que le natif de Kinshasa s’est toujours appliqué à lui-même. Un jour de juillet 2006, son sourire a cependant dû laisser la place aux larmes, à l’issue de la finale de la Coupe du Monde perdue face à l’Italie à Berlin (1-1 a.p., 5 tab à 3).
« C’est la première fois de ma carrière où j’ai pleuré après un match », révèle celui qui a par ailleurs tout gagné avec le Paris Saint-Germain, le Chelsea FC et le Real Madrid C. F., trois clubs actuellement présents aux États-Unis pour y disputer la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2025™.
Dans la touffeur de Pasadena, à quelques encablures du Rose Bowl Stadium, où le PSG a largement dominé l’Atlético de Madrid le 15 juin (4-0), avant de s’incliner face à Botafogo quatre jours plus tard (1-0), le vice-champion du monde 2006, désormais FIFA Legend, a donné ses impressions sur le tournoi puis ouvert la boîte à souvenir, revenant sur des moments clés de son immense carrière, avec un franc-parler unique et une bonne humeur communicative.
FIFA : Claude, pour commencer, après quelques jours de compétition, quel est votre regard sur le Mondial des clubs ?
Claude Makélélé : Depuis que je suis arrivé aux États-Unis, je vois que ça prend forme, que les fans adhèrent. J’ai assisté au match PSG – Atlético et pour moi, c’était exceptionnel. D’un coup, le stade a été plein et on a vu une belle ambiance avec un match formidable des deux équipes. Je pense que le spectacle a été digne de l’événement. Tout le monde est sorti de ce match avec le sourire.
Est-ce que le fait que la compétition se déroule aux États-Unis ajoute un peu de magie à ce Mondial ?
Oui, on est aux États-Unis, le pays de tous les rêves. C’est comme ça qu’on le voit en Europe. Je pense que cette compétition-là est aussi faite pour donner un avant-goût du Mondial 2026. Le football est fait de cette diversité culturelle, c’est ce qui fait qu’on aime ce sport. Ce sport voyage dans le monde entier.
Que pensez-vous du PSG en ce moment ?
C’est la meilleure équipe actuellement. Elle propose un football plaisant pour les fans, un football d’efficacité. C’est une bonne chose pour la FIFA de pouvoir s’appuyer sur des équipes comme ça.
🔛⚽️👊#FIFACWC pic.twitter.com/2AxcPR2wu7
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) June 20, 2025
Pensez-vous, à l’instar de Luis Enrique, qu’il y a de grandes chances pour que le vainqueur de cette édition du Mondial des clubs soit une formation européenne ?
Oui, bien sûr. Au niveau de la performance, de la culture footballistique, l’Europe a toujours été en avance. Pour rattraper cette avance-là, c’est difficile. Je pense que les Américains ont fait beaucoup d’efforts au niveau de la MLS, ils ont réussi à intégrer des joueurs et des entraîneurs européens. Il faut compter aussi sur les pays latinos. Les clubs brésiliens et argentins peuvent rivaliser avec les équipes européennes.
Vous avez joué au PSG, à Chelsea et au Real où vous avez notamment gagné la Ligue des champions de l’UEFA en 2002. Est-ce qu’il y a un club en particulier que vous aimeriez voir en finale de ce Mondial ?
Je ne peux pas choisir, je ne veux pas faire de jaloux, parce que j’ai passé de très beaux moments dans ces clubs. J’ai des souvenirs énormes là-bas, mais évidemment, j’espère que ce sera une de ces trois équipes qui ira en finale.
Revenons quelques instants sur votre passage au PSG en 2008 et 2011. Avec le recul, comment analysez-vous votre expérience là-bas ?
Le PSG, c’était ma fin de carrière. On a reconstruit ce club parce qu’il était en difficulté, à un moment, au niveau sportif. J’ai dû être capitaine, partager mes valeurs, éduquer en quelque sorte la plupart des joueurs qui étaient avec moi. Le club a évolué, les Qatariens sont arrivés, ils ont augmenté le niveau. C’est une fierté de les voir maintenant là où ils sont. J’ai une part de réussite aussi dans ce projet-là.
Quid de Chelsea, avec qui vous avez remporté à deux reprises la Premier League en 2005 et 2006 ?
Lorsque je suis arrivé à Chelsea, c’était un peu comme au PSG, il n’y avait pas un tel niveau et on a placé le club très haut dans le football mondial. Chelsea est aujourd’hui respecté mondialement, c’est une marque dans le football international. Ici, aux États-Unis, par exemple, il y a beaucoup de fans de Chelsea.
Pour terminer le tour des grands d’Europe, que retenez-vous de votre passage à Madrid où vous avez évolué au début des années 2000 avec les fameux Galactiques (Zinedine Zidane, Ronaldo, Luís Figo ou encore Raúl) ?
Plein de choses. Les titres, le club… Pour moi, il n’y a pas de comparaison. Jusqu’à aujourd’hui, c’est le meilleur club au monde. Ce qui m’a le plus marqué là-bas ? (Vicente) Del Bosque. C’était le chirurgien de cette équipe des Galácticos. Si tu n’as pas un entraîneur avec ce charisme-là, tu ne peux pas faire une équipe de Galácticos. C’est impossible.
Qu’est-ce qui vous a marqué particulièrement chez Del Bosque ?
Son charisme. Mais au-delà du charisme, c’était un visionnaire. Il n’y a pas de comparaison. J’ai une anecdote. On jouait les demi-finales de Champions League contre le FC Barcelone. On n’était pas bien à cette période. On arrive là-bas, c’était le match aller, il fait la tactique et il nous dit dans le vestiaire : « Prenez du plaisir. On est le Real Madrid, on essaie de gagner le match, mais si on ne gagne pas, ce n’est pas grave, ce n’est que du football. On rentrera chez nous et puis on profitera de nos familles et de nos enfants ». Il nous a enlevé toute forme de pression. Je me souviens qu’on était tous choqués. On s’est tous regardés. On est rentrés sur le terrain, tranquillement, et on a gagné (2-0). Le meilleur des discours, c’est un discours de sérénité, de calmes. Il faut juste connaître la force de son équipe et de ses joueurs, et Del Bosque avait ces qualités-là.
Est-ce que cette équipe des Galactiques a été la meilleure équipe dans laquelle vous avez joué ?
Oui, forcément. Qui dit Galactiques dit meilleurs joueurs au monde. C’étaient des leaders dans leurs équipes nationales, donc ça veut tout dire. La seule équipe qui a réussi ça, c’est l’AC Milan de (Franco) Baresi et de (Ruud) Gullit. Après eux, il y a eu nous et depuis, il n’y a plus personne.
Pour revenir sur les entraîneurs que vous avez côtoyés, y a-t-il un autre technicien qui vous a impressionné ?
Oui. (Carlo) Ancelotti m’a marqué. J’ai été son adjoint au PSG (en 2011/12), c’est avec lui que j’ai commencé cette nouvelle carrière. C’est lui qui m’a donné le goût d’être entraîneur. Je l’observais beaucoup, on parlait beaucoup. J’ai beaucoup appris de lui. Ce que je retiens de lui, c’est le côté humain.
C’est un vrai professionnel, mais on oublie souvent que le côté humain est très important dans le football. Et beaucoup d’entraîneurs oublient ce côté humain-là. Ils ne se soucient pas du background de leurs joueurs.
Pour revenir aux compétitions FIFA, quel est votre regard sur l’édition 2026 du Mondial, qui sera la plus grandiose jamais organisée, avec 48 équipes, en Amérique du Nord ?
C’est bien d’intégrer toutes ces équipes. Sur les 48 équipes, il y en aura beaucoup qui n’auraient jamais eu la possibilité de jouer une Coupe du Monde (avec l’ancien format). Donc c’est un peu plus ouvert. Là, on donne la possibilité à pas mal de joueurs professionnels de réaliser leur rêve et de pouvoir jouer une Coupe du Monde. Ce que fait la FIFA est bien, parce que ça doit rester une fête.
Vous avez justement réalisé le rêve de tout footballeur en disputant la Coupe du Monde 2006. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Même si on n’a pas gagné cette Coupe, on a eu de l’impact en France, le peuple français a été fier de cette équipe. C’était un mix entre anciens et jeunes, et c’est ce mix qui a fait que ça a bien marché. Parce que nous (Claude Makélélé, Lilian Thuram et Zinedine Zidane), il ne faut pas oublier qu’on est revenus à la rescousse. On était à la retraite. On ne comprenait pas pourquoi ces jeunes talentueux n’y arrivaient pas. Il leur fallait justement un cadre. Un cadre de discipline et d’ambition. À partir du moment où ils ont adhéré à notre discours, avec tout le staff, on a pu monter crescendo en puissance. On a bien fini, mais au final, ça s’est joué à quitte ou double.
Est-ce que cette finale perdue aux penalties contre l’Italie (1-1 a.p., 5 tab à 3) est le plus grand regret de votre carrière ?
Oui, c’est la première fois où j’ai pleuré après une défaite. Parce que je savais que je n’allais plus revenir.
En tant que spectateur, quels sont vos premiers souvenirs de Coupe du Monde lorsque vous étiez enfant ou adolescent ?
Les anciens ! C’est le Brésil de Sócrates, l’équipe de France de (Michel) Platini, l’Argentine de (Diego) Maradona. On s’est nourris de ça. C’est le football qu’on a aimé. On était enfants. On regardait ça à la télé ou au centre de formation. On a baigné dans ce football-là.