Depuis l’intervention musclée du 23 juillet menée par l’homme d’affaires Mbackiyou Faye, assisté par un détachement de gendarmerie à Diorga Montagne (Rufisque), la tension est montée d’un cran dans ce quartier de Rufisque Nord. Ce qui n’était au départ qu’un climat d’inquiétude a cédé la place à une vive colère. Les habitants, sommés de quitter les lieux sous menace de démolition de leurs maisons, promettent une résistance totale.
Réunis en grand nombre samedi dernier lors d’un rassemblement suivi d’un point de presse, les résidents ont affiché une détermination sans équivoque. « C’est au prix de nos vies que nous empêcherons cette injustice. Nous avons acquis ce site légalement. Il appartenait à un proche parent du Président Léopold Sédar Senghor. Aujourd’hui, un groupe tente de nous exproprier illégalement », s’insurge Boubacar Guiro, un jeune leader du quartier.
Ce sentiment est largement partagé par les représentants des organisations locales, notamment celui de l’Association sportive et culturelle de Diorga Montagne. « Nous n’accepterons jamais cette forfaiture. Quitte à y laisser nos vies », lance-t-il fermement dans les colonnes de L’Observateur.
La mobilisation s’est étendue à toutes les composantes de la communauté. Les femmes, également en première ligne, se disent prêtes à toute forme de résistance. « L’histoire peut se répéter ici à Diorga Montagne. Nous sommes prêtes à un Talatay Nder si la menace persiste », avertit, déterminée, Soda Diagne Diop.
Le mouvement Rio Seul, regroupant de nombreux jeunes de Rufisque, a aussi rejoint le combat. « Ce dossier dépasse Diorga Montagne. C’est désormais le combat de tout Rufisque », déclare leur porte-parole, annonçant des actions de mobilisation dans plusieurs quartiers.
Au début de la semaine, une opération de déguerpissement encadrée par la gendarmerie, avec le concours d’un huissier venu signifier des sommations, a failli tourner au drame. Les habitants ont fait face avec une forte mobilisation, obligeant les forces de l’ordre à se replier face à la tension palpable.
Au cœur du litige : un conflit foncier portant sur quatre hectares, opposant les résidents au promoteur Mbackiyou Faye.
Alertées par l’escalade, les autorités ont convoqué une réunion d’urgence, réunissant le maire, des représentants de la Dscos, le préfet, ainsi que les chefs de quartier. Une décision de suspension temporaire du déguerpissement a été arrêtée, le temps d’examiner les documents fonciers en cause.
Sur le terrain, les habitants exigent désormais une intervention directe de l’État pour trancher ce conflit foncier qui menace la paix sociale à Rufisque Nord. « Il faut que les autorités centrales prennent leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard », martèle un autre intervenant lors du rassemblement.