À seulement 20 ans, Cosmas Chongo Mulenga s’impose déjà comme l’un des visages les plus prometteurs du journalisme sportif africain. Présentateur à Diamond TV Zambia, animateur d’événements corporate, reporter de terrain et actuellement Team Media Officer de la sélection zambienne engagée à la Coupe d’Afrique des Nations U-17 CAF TotalEnergies Maroc 2025, le jeune Lusakais impressionne par sa polyvalence, sa maturité, son sens du récit et son professionnalisme.
Sa plume comme sa caméra l’ont récemment conduit sur la scène mondiale : Cosmas est le seul journaliste d’Afrique australe à figurer parmi les 12 finalistes mondiaux des AIPS Sport Media Awards dans la catégorie “Young Reporters – Broadcasting”. Un exploit salué en Zambie et bien au-delà, récompensant un reportage poignant sur des grands-mères joueuses de football, Edgeless Warriors, où sport et société s’entremêlent avec humanité.
Mais au-delà des trophées, c’est une mission qu’il s’est donnée : raconter les histoires du continent. Depuis le Maroc, où il accompagne au quotidien les jeunes Chipolopolos, Cosmas documente chaque instant : entraînements, conférences de presse, portraits de joueurs. « Ce que je veux, dit-il, c’est montrer que les récits africains méritent d’être entendus, vus et reconnus à l’échelle mondiale. »
Charismatique, à l’écoute, il tisse des liens fraternels avec les joueurs qu’il considère comme ses « petits frères ». À mi-chemin entre l’ombre et la lumière, il incarne cette nouvelle génération qui filme, écrit, monte, raconte, avec une passion contagieuse. Entre deux reportages, il rêve déjà de scènes plus grandes, de récits plus forts, de frontières à franchir. Et à le lire ou l’écouter, on se dit que ce n’est qu’une question de temps.
Pouvez-vous vous présenter brièvement pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Je m’appelle Cosmas Chongo Mulenga, j’ai 20 ans et je suis actuellement journaliste sportif et présentateur télé pour Diamond TV Zambia, l’un des principaux médias privés du pays. À côté de cela, je suis aussi maître de cérémonie pour des événements, notamment dans le secteur corporate. Je pense d’ailleurs être le plus jeune maître de cérémonie établi dans ce domaine en Zambie. Voilà un peu qui je suis : un jeune professionnel évoluant dans le secteur du sport.
À quel moment avez-vous su que vous vouliez devenir journaliste sportif ?
J’ai eu ce déclic juste après le lycée. J’ai participé à une compétition télévisée qui m’a permis de découvrir la présentation à l’écran. Ce fut une révélation. J’ai toujours aimé raconter des histoires, et à ce moment-là, j’ai compris que je voulais mêler cette passion à celle que j’ai pour le sport – que je pratique moi-même. Très vite, j’ai voulu apprendre à raconter des histoires sportives, à mettre en lumière les athlètes, à porter leurs voix. Je voulais aussi perfectionner mon art pour que les récits zambiens soient reconnus au niveau mondial. C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’étais fait pour ça.
Vous avez reçu le prix de « Rising Star of the Year ». Que signifie cette reconnaissance pour vous ?
Ce prix a été un moment très fort pour moi, car il est arrivé après une période de travail acharné et de constance. Dans notre industrie, la jeunesse est parfois confondue avec le manque d’expérience. J’ai donc toujours dû prouver ma valeur par la qualité et la régularité de mon travail. Parfois, on se demande si quelqu’un nous voit. Et cette reconnaissance a confirmé que mes efforts ne passaient pas inaperçus. Elle est en parfaite adéquation avec ma mission personnelle : inspirer mes pairs à viser l’excellence, peu importe leur âge. Ce prix m’a rappelé que la passion, la rigueur et la persévérance finissent par payer.
Vous avez aussi été finaliste aux AIPS Sport Media Awards, une reconnaissance internationale très convoitée. Que représente cette nomination pour vous, personnellement et professionnellement ?
Être finaliste des AIPS Awards a été un moment surréaliste. Mon reportage s’intitulait « Edgeless Warriors : Zambia’s Yasa Grannies Defy Age Through Sport ». Il raconte l’histoire incroyable de grands-mères zambiennes de plus de 67 ans qui jouent au football pour renforcer la communauté et promouvoir la santé. Ce récit m’a conduit dans le Top 21, puis le Top 12 des jeunes reporters en diffusion, avec l’annonce du Top 10 imminente.
Professionnellement, c’est une étape majeure : cela montre que le talent zambien est reconnu sur la scène mondiale. Personnellement, c’est une source de fierté, mais aussi une mission : inspirer d’autres jeunes à croire que leurs histoires comptent. Voir un jeune Zambien reconnu à l’échelle internationale envoie un message fort à toute une génération.
Quel est précisément votre rôle en tant que Team Media Officer avec l’équipe U-17 ?
Mon rôle, c’est de faire le lien entre l’équipe nationale U-17 et les journalistes, les supporters, et l’ensemble du pays. Je couvre tout : la performance, le bien-être, les coulisses. Dès les préparations jusqu’au tournoi, je m’assure que tout soit relayé : interviews, photos, vidéos, articles… Je fournis également les éléments nécessaires à la CAF. L’objectif est double : informer, mais aussi préparer les joueurs à gérer la médiatisation. La presse fait partie intégrante du football moderne, et je veux qu’ils soient prêts.
Comment avez-vous été sélectionné pour ce poste ?
C’est la Fédération zambienne de football qui choisit, à sa discrétion, un journaliste pour accompagner les équipes aux compétitions internationales. J’ai eu l’honneur d’être sélectionné pour accompagner les U-17 lors de leur toute première tournée internationale, en mars 2024. Ce qui est drôle, c’est que c’était aussi ma première fois en avion, comme pour plusieurs joueurs. Cela a créé un lien unique. J’ai pu développer une relation de confiance avec eux, presque fraternelle.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué depuis votre arrivée au Maroc avec l’équipe ?
Deux choses m’ont profondément marqué. D’abord, le réseau que j’ai pu tisser ici : rencontrer des professionnels expérimentés a été très formateur. Ensuite, la qualification de l’équipe à la Coupe du Monde. C’est un moment historique pour notre pays. Ce groupe a grandi sous mes yeux. Nous avons commencé ensemble sur la scène internationale, lors du Tournoi des 4 Nations au Maroc l’an dernier. Aujourd’hui, ils sont mondialistes. Nos trajectoires sont liées, et c’est très fort émotionnellement.
À quoi ressemble une journée type pour vous durant ce tournoi ?
C’est très intense ! Dès le matin, je prépare mon matériel : caméras, batteries, micros… Je photographie et filme les entraînements, je fais des interviews, j’édite tout cela pour les réseaux de la Fédération et pour ma chaîne Diamond TV. Si une conférence de presse est prévue, j’y accompagne les joueurs et entraîneurs, je les prépare, je couvre l’événement. Le soir, je retravaille les photos, je finalise les vidéos, j’écris. Mes journées se terminent tard – je suis plutôt un oiseau de nuit.
Vous avez 20 ans. Quelles relations entretenez-vous avec les joueurs, qui ont à peu près votre âge ?
Je les considère comme mes petits frères. Nous avons une relation très fraternelle. Certains viennent de milieux très modestes et ont dû se battre pour convaincre leurs familles de les laisser jouer. Ils sont aujourd’hui à la Coupe du Monde. Je leur parle beaucoup, je les conseille. Mon objectif est qu’ils saisissent cette chance et donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans ce poste de Team Media Officer ?
Raconter des histoires. C’est ce que j’aime le plus. Chaque joueur a un parcours unique. Voir ces jeunes talents évoluer, les accompagner dans leur première grande aventure, c’est inestimable. Et puis, ce poste m’ouvre aussi au monde des médias internationaux. J’apprends énormément au contact des autres journalistes, de la CAF, de mes confrères africains. C’est une expérience d’une richesse incroyable.
Avez-vous une anecdote ou un moment marquant à partager depuis le début du tournoi ?
La qualification pour la Coupe du Monde, sans aucun doute. C’est un moment gravé dans ma mémoire. Non seulement pour moi, mais pour tout un pays. Cela donne de l’élan aux autres équipes nationales, notamment féminines. Et puis, les échanges avec d’autres professionnels ici, les liens créés, ont aussi été très marquants.
Où vous voyez-vous dans cinq ou dix ans ?
Dans cinq ou dix ans, je me vois comme un journaliste sportif reconnu à l’international. Je veux raconter des histoires zambiennes, africaines et mondiales sur les plus grandes scènes. Voyager, rencontrer des athlètes, donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Et surtout, ouvrir des portes à d’autres jeunes journalistes zambiens. Je suis peut-être aujourd’hui le plus jeune journaliste établi dans mon pays, et je veux que d’autres aient la même chance.