Arrêté par la Division des investigations criminelles (Dic), B. S. Gbegnon, directeur d’entreprise au Sénégal, a été présenté le 7 mars dernier au parquet judiciaire financier pour faux et usage de faux, escroquerie et blanchiments de capitaux. Près de 100 millions de francs Cfa sont en cause dans cette affaire, évente L’Observateur.
Dans son édition de ce mardi 18 mars, le journal du Groupe futurs médias (Gfm) évoque des ramifications en France où le mis en cause «a connu» le plaignant, un autre homme d’affaires du nom de I. Kabalane.
«[…]. Á l’époque, ces deux jeunes gens, devenus de grands amis, étaient encore étudiants. Ils vont garder de très bons rapports» même après la décision prise par l’accusé «d’investir au Sénégal». «[Ce dernier] débarque [donc] au pays de la Téranga [hospitalité en wolof], la tête pleine de projets. Il parviendra à mettre sur pied deux sociétés : « Al Amine Logistique », spécialisée dans le transit, et la structure à l’enseigne « Nob prestation », qui évolue dans le développement de systèmes informatiques. Seulement, réalisant qu’il n’avait pas les moyens de ses ambitions, [Gbegnon] s’est souvenu de son ami, resté en France.»
La même source rapporte que pour «convaincre son ami» de lui octroyer «un prêt de 100 000 euros», soit plus de 65 millions de francs Cfa, Gbegnon «lui a communiqué les coordonnées d’un certain Me G. Pinaud [qu’il présente comme étant son notaire] établi en France» pour «finaliser la transaction financière».
Il ressort des premiers éléments de l’enquête que «le notaire en question existe bel et bien, mais il n’a posé aucun acte dans cette affaire» et que «sa présence dans ce dossier résulte de l’imagination fertile du mis en cause», glisse le titre de Gfm.
«Pour rassurer Kabalane davantage», poursuit celui-ci, le chef d’entreprises «va mettre [également] un appartement se trouvant dans la ville française de Castre en hypothèque». C’est ainsi que l’accord a été signé et le virement effectué le 25 juin 2024 contre «la promesse d’un remboursement à la date butoir du 6 janvier 2025.»
Cinq mois après, précisément le 4 novembre 2024, le quotidien d’information fait savoir que Gbegnon, «faisant face à des problèmes financiers», se signale de nouveau à son partenaire pour «un nouveau prêt de 48 200 euros, soit [plus] de 31 millions de francs Cfa.»
«Gbegnon va adresser à Kabalane un courrier électronique censé être renvoyé par Me Pinaud, Dans ce document, le notaire demande curieusement à Kabalane de lui transférer le montant dans le compte bancaire personnel de [Gbegnon], ouvert dans les livres d’une institution financière belge à l’enseigne « Wise Europe SA ».»
Or, relève L’Obs, si Kabalane était plus attentif, il aurait pu «éviter le piège des faux mails» car «pour ferrer sa proie, Gbegnon a utilisé l’adresse gregory.pinaud@notaires-de-france.com approximativement identifque au mail authentique du notaire.» Mais «persuadé que le mail émane du notaire», Kabalane s’exécute et transfère l’argent. Mal lui en a pris.
Sans nouvelles de Gbegnon à la date d’échéance, «[la victime présumée] porte plainte en France» et découvre le pot aux roses : Non seulement «le fameux appartement avait été également remis à plusieurs autres personnes et dans des conditions similaires», mais également «des recherches fouillées lui ont permis de constater la fausseté de l’email».
Kabalane actionne dans la foulée son mandataire, N. Wehbeh, se trouvant à Dakar, pour une procédure au Sénégal. La Dic s’est saisie de l’affaire après avoir reçu un soit-transmis du procureur de la République.
Selon L’Observateur, le mis en cause a reconnu avoir reçu la somme globale de 148 200 euros, soit près de 100 millions de francs Cfa. Gbegnon a également admis que «l’appartement était déjà sous hypothèque auprès de l’institut bancaire « Crédit agricole »».
Pourquoi avoir demandé de verser l’argent issu du second prêt dans votre compte personnel et non celui du notaire ? «C’est par souci d’un gain de temps que Me Pinaud a choisi cette méthode», s’est-il défendu.