À l’orée de la Journée mondiale de la fonction publique, le Collectif Interministériel des Agents de l’Administration Sénégalaise (CIASS) ne souhaite pas se contenter de célébrer une journée symbolique. Il a décider d’en faire une tribune pour interpeller, dénoncer et surtout proposer.
« L’administration constitue le socle de l’État moderne. Elle est l’instrument par lequel les politiques publiques prennent forme et deviennent réalité », rappellent-ils dans un communiqué exploité par Seneweb. Ils ajoutent : « Elle assure la continuité du service public indépendamment des changements politiques. C’est elle qui garantit la stabilité institutionnelle et la préservation de l’intérêt général ».
Dans leur note, le CIASS dresse un diagnostic à la fois technique et politique des maux qui gangrènent la machine administrative : organisation floue, absence de coordination, déficit de formation, gestion opaque, carence d’outils numériques, culture du secret et politisation des fonctions. Un mal endémique qui, selon eux, freine l’État dans son rôle de catalyseur du développement.
Le collectif déplore, par exemple, « l’absence de fiches de poste et de missions claires pour les agents », tout comme « le manque de coordination dans les services déconcentrés » ou encore « la faible implication des agents dans la prise de décision ».
Du côté des ressources humaines, le constat se durcit. Ils dénoncent une « inégalité et absence de transparence dans le recrutement et les promotions », l’existence de « fonctionnaires fantômes » et des « déséquilibres salariaux injustifiés ». À cela s’ajoutent l’absence de formation continue, une culture administrative peu imprégnée d’éthique, ainsi qu’un profond déficit de politique de gestion de carrière.
Le CIASS s’emploie à tracer des perspectives. Ils plaident pour des « réformes institutionnelles claires, avec l’élaboration systématique de fiches de poste, la tenue régulière de réunions de coordination et le rétablissement des missions de suivi et d’évaluation ». Cette démarche vise à instaurer « une culture de performance et de redevabilité » adossée à des mécanismes d’évaluation des agents et des services.
Par ailleurs, le collectif exige une rupture nette avec la logique de politisation des postes administratifs. « Les responsables doivent être nommés sur la base du mérite et non des appartenances politiques », lit-on dans le document.
Autre levier de transformation envisagé, celui de la digitalisation de l’administration. Le collectif appelle à la mise en place de « plateformes numériques de gestion des dossiers » et à la réduction drastique des délais de traitement et de la paperasserie.
Ils insistent enfin sur les conditions de travail des agents, souvent reléguées au second plan. Ils évoquent « des locaux délabrés », « un manque criant de logistique » et « l’absence d’équipements numériques adaptés ».
Pour eux, « la réforme de l’administration publique sénégalaise est un impératif stratégique pour accélérer le développement national. Une administration dépolitisée, compétente, performante et proche des citoyens est la clé de voûte d’un État fort, juste et équitable ».
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