Les détenus de la maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor (Sud) ont entamé une grève de la faim ce lundi 7 juillet 2025. Ils dénoncent le fait que, depuis quelque temps, l’administration pénitentiaire refuse systématiquement les repas apportés par leurs familles.
« Les agents n’acceptent plus la nourriture que nos proches nous apportent, même les pots de chocolat, le beurre, ou certains plats comme le couscous », a déploré une source contactée par Pressafrik.
Selon cette même source, tout serait parti d’un incident impliquant un plat de couscous (thieré) dans lequel les agents ont découvert du chanvre indien destiné à un détenu. « C’est injuste que tout le monde soit puni à cause d’un seul individu », s’indigne un prisonnier.
Outre le refus des repas extérieurs, les détenus protestent également contre leur maintien prolongé à Ziguinchor malgré des condamnations fermes. « Plusieurs d’entre nous, déjà jugés et condamnés à cinq ans ou plus, sont toujours détenus ici alors que la maison d’arrêt de Ziguinchor n’est pas conçue pour les longues peines », font-ils savoir. Ils exigent leur transfert vers des établissements pénitentiaires appropriés.
L’administration pénitentiaire justifie sa décision
Contactée par Pressafrik, un membre au sein de l’administration a expliqué que cette décision résulte de l’application stricte du règlement intérieur. Elle a rappelé que « les prisons sénégalaises, comme dans beaucoup d’autres pays, interdisent l’introduction de certains produits pour des raisons de sécurité ou d’hygiène ».
Il cite notamment les aliments périssables ou ceux susceptibles de servir à dissimuler des substances illicites. L’interdiction actuelle s’appuie, selon cette même source, sur l’article 134 d’un décret réglementaire stipulant : « Il est interdit de laisser introduire dans les prisons des boissons alcoolisées ou des matières inflammables. ». « C’est dans ce cadre que l’entrée de certains plats, dont le couscous, a été interdite », ajoute-t-elle.
L’administration a confirmé qu’une importante quantité de chanvre indien avait été retrouvée dans un repas livré à un détenu. Et ce n’est pas un cas isolé : « Des proches dissimulent parfois le chanvre indien dans des paquets de thé. Une femme a même été arrêtée récemment pour en avoir caché dans un plat destiné à son mari incarcéré. »
Face à cette recrudescence, l’administration a décidé d’appliquer le règlement avec la plus grande rigueur : « Le chocolat, par exemple, peut être utilisé pour dissimuler du poison ou une autre substance. Le lait en poudre peut être mélangé avec de la cocaïne. C’est pour protéger les détenus eux-mêmes que ces denrées sont désormais interdites », a justifié la source administrative.
Concernant les prisonniers purgeant de longues peines, l’administration reconnaît leur frustration : « Ils ont raison de s’en indigner, car la maison d’arrêt de Ziguinchor n’a pas vocation à accueillir des détenus condamnés à plus de cinq ans », a reconnu notre interlocuteur, tout en assurant que des démarches sont en cours pour réorganiser les transferts.