A.Ndao, domestique et élève de 18 ans, a quitté Koumpentoum (est) pour travailler et prendre en charge ses frères et sœurs. Accusée d’avoir volé des bijoux en or d’une valeur de 8 millions de FCfa dans une maison à Hamo V, A. Ndao a été « séquestrée et brutalisée », par ses patrons. Elle a finalement été relaxée ce 1er octobre par le Tribunal correctionnel de Guédiawaye, au bénéfice du doute. Ce, au grand dam de son accusatrice, Th. Sow, professeure d’Histoire-géographie dans un lycée à Kaolack (centre).
D’après « L’Observateur », l’affaire a débuté le 11 septembre dernier. Th. Sow, enseignante d’Histoire-géographie en poste à Kaolack, constate la disparition de ses bijoux en or alors qu’elle prépare son retour après plusieurs semaines passées chez ses parents à Hamo 5, Guédiawaye (banlieue dakaroise). Les bijoux (trois colliers, trois bagues et des bracelets achetés dans une célèbre bijouterie de Pikine) avaient été rangés dans un sac à main dans la chambre de la domestique, A. Ndao (18 ans).
Choquée, la professeure porte plainte contre X au poste de Wakhinane-Nimzatt. Mais ses soupçons se précisent après avoir surpris des audios WhatsApp. La suspecte y demandait à sa mère établie à Koumpentoum de consulter des parents marabouts pour que son nom ne soit pas entaché dans l’histoire du vol.
Les Sow décident alors de recourir aux services d’un marabout. Ce dernier, après avoir reçu la liste des occupants de la maison, désigne nommément A. Ndao comme auteure du vol et pointe du doigt la nièce de la famille, N.Mb. Ndiaye (17 ans), comme complice.
Dans la maison, la tension monte. De l’eau bénite (saafara) est versée dans la chambre de la domestique « pour faire parler les esprits ». On fouille ses affaires, on l’empêche de sortir, on l’accuse. Mais A. Ndao clame son innocence et soutient que le marabout en question avait dit que « le voleur est une femme de la maison et serait née en 2008 », sans la désigner, elle.
L’affaire, enrôlée hier, au Tribunal correctionnel de Pikine-Guédiawaye, a eu comme premier témoin N. Mb., née en 2008, nièce de la partie civile et supposée complice de la voleuse. Elle livre plusieurs versions contradictoires, en disant d’abord avoir vu la bonne cacher les bijoux sous un matelas. Puis, dans une autre version, N. Mb. assure avoir vu la même suspecte descendre les escaliers avec un sachet rouge transparent contenant les bijoux.
Mais, pressée de questions par le Juge, elle a reconnu avoir été frappée par sa tante et son oncle afin d’avouer et de désigner la domestique. Ce que la professeure a confirmé.
Sa nièce, avoue-t-elle, a été battue pour livrer un nom. Mais elle maintient que ses soupçons se sont confirmés grâce aux vocaux échangés entre sa nièce et la bonne, où cette dernière, en pleurs, demandait à sa mère de consulter des marabouts.
À la barre, la prévenue a nié les faits de toutes ses forces. Elle raconte avoir été traitée de voleuse, insultée, privée de sortie et fouillée de fond en comble avant d’être arrêtée par des éléments du poste de police de Wakhinane-Nimzatt, alors qu’elle préparait le déjeuner. Elle affirme que la sœur de la plaignante, venue de France, a également eu accès à la valise et n’a jamais été inquiétée. A. Ndao explique avoir quitté Mbour pour travailler comme domestique afin de soutenir ses petits frères et sœurs restés à Koumpentoum. Dans cette maison, dit-elle, elle n’a de contacts avec personne de l’extérieur.
Le Procureur, après avoir entendu les différentes versions, a mis en doute la fiabilité des accusations. « Si le charlatan était efficace, il aurait indiqué où se trouvent les bijoux, pas seulement un nom », déclare-t-il. Soulignant l’absence de preuves matérielles et les contradictions des témoins, il a requis la relaxe. L’avocat de la défense enfonce le clou : « Aucun aveu, aucune preuve. Seulement des soupçons renforcés par des croyances mystiques et des pressions exercées sur une mineure. »
Après délibéré, le tribunal a relaxé A. Ndao au bénéfice du doute et a débouté la plaignante de sa demande.