Une belle leçon d’histoire
Le contexte politique que traverse le Sénégal aujourd’hui est tout simplement inédit. Depuis notre accession à l’indépendance, notre trajectoire nationale a été façonnée par des figures emblématiques et des transitions souvent marquées par le sceau de l’héritage ou de la continuité.
Publicité
Nous avons d’abord connu le tandem fondateur : Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia.
Une complémentarité intellectuelle et politique qui, hélas, fut rattrapée par ce que l’on pourrait appeler « l’ambition naturelle » de l’homme. Senghor finira seul aux commandes.
Lui succédera Abdou Diouf, un homme de l’ombre devenu dauphin, formé et désigné par son prédécesseur. Rien d’étonnant dans ce passage de témoin parfaitement orchestré.
Puis viendra Abdoulaye Wade, l’opposant historique, qui finira par porter au pouvoir celui qu’il aura lui-même façonné : Macky Sall, passé par toutes les stations du pouvoir – de la direction de Petrosen, au ministère de l’Intérieur, jusqu’à la présidence de l’Assemblée nationale – avant de devenir président à son tour.
Mais aujourd’hui, un tournant sans précédent s’écrit sous nos yeux. Un homme, Ousmane Sonko, inspecteur des impôts radié de la fonction publique, sans appareil d’État ni parrain officiel, porté uniquement par la force de sa légitimité populaire, est parvenu à inverser le cours de l’histoire. Par son combat et sa vision, il a pu faire élire des maires, des présidents de conseil départemental, des députés… et enfin un Président de la République. Le peuple l’a suivi. Mieux, il l’a soutenu dans les épreuves, l’a porté dans l’adversité, et lui a confié la mission de refonder l’État.
Pourquoi un tel attachement ? Parce qu’il a rendu au peuple ce que nul ne pouvait acheter ni manipuler : sa dignité. Et celui qui redonne au peuple sa dignité peut l’amener à accepter bien des sacrifices. Il peut lui demander des efforts, le convaincre de délaisser le confort du statu quo pour embrasser l’inconfort du changement. Et le peuple suit, non pas par crainte ou aveuglement, mais par foi en une cause plus grande que les hommes.
Je ne sais si l’histoire politique moderne connaît un précédent à ce phénomène. Mais ce que je sais, c’est que nous devons collectivement l’accepter, le comprendre et l’inscrire, à sa juste valeur, dans les annales de notre histoire contemporaine.
C’est notre histoire. Et elle est belle à vivre, à transmettre, à méditer.
Dr Ismaila diallo
Député, premier vice-président*