Alors que les candidats à la présidence du Comité international olympique (CIO) ont jusqu’au 15 septembre pour se déclarer, une lettre de la commission d’éthique rappelle les règles de la charte olympique qui sont autant d’obstacles sur la route de plusieurs prétendants.
Drôle d’échauffement pour la campagne à la succession de Thomas Bach, qui ne commencera officiellement que le 16 septembre, au lendemain de la date butoir fixée aux prétendants pour sortir du bois. Trois jours après l’envoi d’une lettre à tous les membres du CIO par la commission d’éthique, publiée également sur son site, l’instance a précisé jeudi qu’elle ne posait pas volontairement des obstacles sur la route des candidats potentiels. « La lettre clarifie les règles existantes conformément à la charte olympique, qui s’appliquent et continuent de s’appliquer à tous les membres du CIO. Il n’y a pas de nouvelles règles, contrairement à ce qui a été rapporté », souligne le CIO dans un communiqué en visant les médias.
« Ces points ont déjà été abordés lors de la session du CIO à Mumbai (Inde) en 2023 et de la session du CIO à Paris en 2024 », insiste le CIO, histoire de souligner que les candidats potentiels connaissent les règles depuis longtemps. S’il faut attendre la semaine prochaine pour les connaître, plusieurs noms circulent d’ores et déjà dont le Britannique Sebastian Coe, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch, le Japonais Morinari Watanabe, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, la Néerlandaise Nicole Hoevertsz, sans oublier l’un des quatre Français du CIO, David Lappartient, président de l’UCI et du CNOSF. Plus récemment, la rumeur annonçait la candidature du prince de Jordanie Feisal Al Hussein, entré au CIO en 2010 en tant que membre indépendant.
Limite d’âge, 70 ans
Que dit ce courrier signé de Ban Ki-moon, président de la commission d’éthique du CIO et ancien secrétaire général de l’ONU ? Tout d’abord que « le président du CIO doit être membre du CIO au moment de l’élection et pendant toute la durée de son mandat. La Charte olympique n’accorde au président du CIO aucune dérogation concernant la fin de son statut de membre du CIO, que ce soit en raison de la limite d’âge ou de la perte de la fonction pour laquelle il a été élu en tant que membre, à savoir parce qu’il est un athlète en activité ou encore parce qu’il préside ou occupe un poste d’encadrement ou de direction au sein d’un Comité national olympique (CNO) ou d’une Fédération internationale (FI) ».
La limite d’âge étant fixée à 70 ans, Sebastian Coe, âgé de 67 ans, est directement concerné par la restriction puisqu’il atteindrait l’âge fatidique pendant son mandat. C’est le cas également de l’Espagnol Juan Antonio Samaranch qui aura 65 ans le 1er novembre prochain. « Un membre atteignant la limite d’âge de 70 ans perdra sa qualité de membre du CIO, à moins qu’il ne soit proposé par la commission exécutive et élu par la session pour une prolongation de quatre ans. La Charte olympique ne prévoit une telle prolongation qu’une seule fois », écrit Ban Ki-moon dans son courrier.
Le président de World Athletics voit un autre obstacle se dresser sur sa route, son statut de président de Fédération internationale. Ban Ki-moon détaille ainsi qu’« un membre du CIO élu dans le cadre d’une fonction qui perd cette fonction au cours de son mandat au CIO, y compris le président du CIO, perdra automatiquement la qualité de membre du CIO et, de ce fait, son mandat prendra fin ». La restriction concerne aussi le Japonais Morinari Wanatabe et de David Lappartient, au cas où ils se lanceraient dans l’aventure ; les trois dirigeants étant entrés au CIO en tant que patrons de l’athlétisme, de la gymnastique et du cyclisme mondial.
Rendez-vous à Lausanne en janvier
Sebastian Coe terminera son dernier mandat à la tête de World Athletics en 2027, après 12 ans de gouvernance et Morinari Wanatabe se présentera pour un troisième mandat de quatre ans au congrès de la Fédération internationale de gymnastique (FIG) en octobre prochain. Si David Lappartient décidait de briguer un troisième et dernier mandat à la tête de l’UCI en septembre 2025, et s’il était élu, son bail prendrait fin en 2029 soit avant les huit ans de mandat de la présidence du CIO, dont le début est fixé au 24 juin 2025, soit trois mois après l’élection présidentielle lors de la 14e session du 18 au 21 mars à Olympie.
D’ici là, Thomas Bach a expliqué le 10 août, dans la foulée de sa décision de ne pas rempiler, qu’il va « continuer à mettre toute « mon » énergie au service du mouvement olympique ». Il se murmure, depuis, que son -ou sa- dauphin(e) partirait avec une longueur d’avance. « Kirsty Coventry est soutenue par Thomas Bach », glisse un observateur en soulignant que l’ancienne nageuse, aujourd’hui ministre des Sports du Zimbabwe, a « toute la capacité à exercer ce poste très difficile car on ne naît pas président du CIO, on le devient ». S’entourer de conseillers qui connaissent bien l’institution sera également indispensable, quel que soit le successeur du dirigeant allemand.
Tous les candidats qui se lanceront dans l’aventure la semaine prochaine, toujours selon les règles fixées par le CIO, ont d’ores et déjà rendez-vous au siège de l’instance à Lausanne, du 20 au 24 janvier, pour présenter leur programme aux membres. En attendant, Thomas Bach est attendu samedi pour la grande parade des champions sur les Champs-Élysées et leur décoration place de l’Étoile. Il sera aux côtés de Tony Estanguet, président de Paris 2024, et du chef de l’État Emmanuel Macron qu’il a tous deux distingué de l’ordre olympique, respectivement les 13 et 26 août.