Le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, est décédé ce jeudi à l’âge de 73 ans. Seneweb revient sur son dernier discours, prononcé lors de la cérémonie de prestation de serment du 5e président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye. Dans son allocution, Mamadou Badio Camara avait prodigué un conseil fort à l’actuel chef de l’État : se souvenir en toute circonstance de la main de Dieu qui l’a porté à la tête du pays grâce au choix de millions de Sénégalais, surtout lorsque surgiront les inévitables tentations du pouvoir.
Avant de recevoir le serment du président élu, le 2 avril 2024, Mamadou Badio Camara lui avait rappelé qu’il était « le choix incontestable et éclatant du peuple sénégalais », incarnant « la volonté de notre peuple de changer de paradigme dans sa gouvernance et de génération dans son gouvernement ».
Selon lui, « il porte sur ses épaules les espoirs de toute une nation, en particulier ceux de ces jeunes hommes et jeunes femmes, parfois accompagnés d’enfants, dont l’aspiration à un travail digne et à une vie décente reste intacte, au point de risquer leur vie en affrontant les océans ou l’immensité des déserts, dans une quête tragique et souvent illusoire d’une vie meilleure ».
Dans ses conseils à Bassirou Diomaye Faye, Mamadou Badio Camara soulignait que « à l’heure où surgiront les inévitables tentations du pouvoir, l’ivresse de la puissance, les démons de la division, il faudra se souvenir de la main de Dieu, dont la volonté domine et détermine inéluctablement les moments que nous vivons ».
Rappelant au nouveau président qu’il est désormais le garant de la démocratie sénégalaise, du respect des institutions, des droits et libertés — piliers de la stabilité de l’État et de l’unité nationale — Mamadou Badio Camara avait formulé un vœu : « Que le Sénégal soit épargné de toutes les turpitudes, surtout à la veille de l’exploitation future de son pétrole et de son gaz. »
« Dire le droit sans contrainte ni haine »
Par ailleurs, lors de cette cérémonie d’investiture, Mamadou Badio Camara avait tenu à répondre aux critiques visant l’institution qu’il dirigeait. « Le Conseil constitutionnel, face à ceux qui ont tenté de le déstabiliser par des moyens non conventionnels, a, au nom du peuple, dit le droit, sans haine ni crainte », avait-il affirmé.
À ses yeux, le Sénégal n’a jamais connu de crise institutionnelle. « Le président de la République et son gouvernement, tout comme l’Assemblée nationale, ont toujours accepté de se soumettre à nos décisions. C’est dire qu’il n’y a pas de crise institutionnelle, mais une volonté commune de ne jamais sortir du cadre délimité par la Constitution », estimait-il.
Selon lui, le suffrage des Sénégalais reste le seul véritable recours pour surmonter les tensions politiques. « Des amis en Afrique nous disent souvent que, chaque fois que le pire est prédit au Sénégal en raison des fortes tensions et des animosités exacerbées, les Sénégalais arrivent toujours à retomber sur leurs pieds, comme si de rien n’était. Forts de ce constat, ils nous demandent : mais quel est donc votre secret ? À mon avis, le secret est dans le bulletin de vote », avait confié Mamadou Badio Camara.
Le président du Conseil constitutionnel concluait ainsi : « Dans leur intime conviction et leur claire conscience, les citoyens électeurs peuvent, avec leurs bulletins de vote, changer décisivement le cours de leur destin, dès lors que l’administration et les organes de contrôle du processus électoral font preuve de professionnalisme, sous le contrôle d’une justice impartiale. »
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