Elles ne se quittent plus. Le Maroc et la Zambie, figures montantes du football féminin africain, ouvrent le bal de la Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies 2024 ce samedi au Stade Olympique de Rabat, à 20h00 heure locale. Entre ambition partagée et souvenirs brûlants, cette affiche de gala sonne comme une revanche autant que comme une déclaration d’intention.
Deux trajectoires parallèles
Leur progression suit un tempo presque symétrique. Demi-finalistes lors de la CAN 2022, mondialistes en 2023, les deux sélections incarnent cette nouvelle génération qui bouscule l’ordre établi. Sur le papier, rien ne les sépare vraiment. Sur le terrain, en revanche, l’histoire récente a laissé des traces.
Zambie : de l’ombre à la lumière
Il y a encore dix ans, les Copper Queens jouaient presque dans l’anonymat. Aujourd’hui, elles débarquent au Maroc avec une équipe solide, audacieuse, et portée par une génération dorée. Barbra Banda, Grace Chanda et Ireen Lungu, révélées à la Coupe du Monde U17 en 2014 au Costa Rica, ont bâti les fondations. Mais c’est Racheal Kundananji, 25 ans, qui incarne le basculement dans une nouvelle ère : son transfert record vers Bay FC pour 735 000 euros a marqué les esprits. « Nous sommes les témoins mais aussi les actrices d’un changement. Il y a un vrai regard nouveau sur la Zambie, sur l’Afrique. C’est une fierté, mais aussi une grande responsabilité », confie-t-elle.
À la tête de cette sélection ambitieuse, Nora Häuptle découvre la CAN après une expérience réussie au Ghana. La Suissesse veut imprimer une méthode. « C’est un honneur de diriger cette équipe pleine de potentiel. Mon objectif est de créer un environnement où les joueuses peuvent s’exprimer librement, tout en développant une identité de jeu forte et cohérente. »
Maroc : la revanche d’une hôte
À domicile, le Maroc entame sa CAN avec un statut à défendre. Finalistes de la dernière édition, les Lionnes de l’Atlas veulent faire mieux. Et surtout, digérer le traumatisme de l’élimination olympique. En avril dernier, elles avaient été sorties par… la Zambie. Battues 2-1 à l’aller, les Copper Queens s’étaient imposées 2-0 à Rabat, arrachant leur billet pour Paris 2024. L’échec est encore vif. « Cette défaite nous a fait très mal, surtout parce qu’elle est survenue chez nous, devant notre public. Mais elle nous a fait grandir. On a appris à rester lucides, à ne pas baisser la garde. Ce match d’ouverture, c’est notre manière de tourner la page », souffle Ghizlane Chebbak, capitaine emblématique et meilleure joueuse de la CAN 2022. « On veut offrir quelque chose de grand à notre public. Gagner ici, chez nous, ce serait plus qu’un exploit. Ce serait un acte de foi. »
Pour guider cette ambition, la Fédération a confié les rênes à Jorge Vilda, fraîchement sacré champion du monde avec l’Espagne. « Jouer une CAN à domicile, c’est une pression énorme. Mon rôle, c’est de transformer cette pression en énergie. Nous voulons que le public marocain soit fier d’une équipe engagée, libérée, et fidèle à ses valeurs », explique le technicien espagnol.
Le poids des souvenirs, l’urgence du présent
« Il est vrai qu’à présent, on se connaît bien », reconnaît Chebbak. Et cette connaissance mutuelle ajoute du piquant à une confrontation déjà chargée en symboles. Ce Maroc-Zambie n’est pas un simple match d’ouverture, c’est un test d’ambition, de caractère et de maturité. Côté zambien, la méfiance est de mise. L’affiche est inédite en Coupe d’Afrique des Nations, mais l’historique récent donne du relief à cette opposition. « Nous respectons énormément cette équipe marocaine qui joue chez elle, ce qui en fait un adversaire redoutable », note Nora Häuptle.
« Mais nous avons nos propres ambitions. Chaque match de cette CAN sera une bataille. Notre qualification olympique n’est pas une fin, c’est une base sur laquelle construire. Nous voulons montrer que la Zambie est là pour durer. »
Entre une équipe marocaine habitée par le devoir de briller à domicile, et une Zambie portée par une dynamique de conquête, le duel promet un début de tournoi électrique. Deux visions, deux identités, une seule certitude : ce premier choc ne laissera personne indifférent.