À la veille de la demi-finale de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024 entre le Nigeria et l’Afrique du Sud, deux anciennes capitaines emblématiques, désormais consultantes pour la CAF, sont montées au créneau. Desiree Oparanozie, ex-leader des Super Falcons, et Amanda Dlamini, figure de proue des Banyana Banyana, ont ravivé les braises d’une rivalité historique.
Le Nigeria vise une dixième couronne continentale, tandis que l’Afrique du Sud entend défendre son titre acquis en 2022.
« Bien plus qu’un match » : une rivalité nourrie de fierté et de mémoire
Pour Desiree Oparanozie, cette rencontre dépasse largement le cadre du sport. Elle la perçoit comme un affrontement symbolique, à forte charge identitaire.« C’est plus qu’un match. Tout est en jeu. Il s’agit de fierté nationale, d’un duel de titans, d’une rivalité relancée », confie-t-elle à CAFOnline.com.
Amanda Dlamini abonde dans le même sens, soulignant l’intensité mentale que demande une telle confrontation : « C’est un match qui se joue aussi dans la tête. Les deux équipes regorgent de talent, mais il faudra puiser dans ses réserves pendant 90 minutes. L’Afrique du Sud sait à quoi s’attendre physiquement. Ce sera exigeant mentalement.
Il faudra croire en nous. Nous sommes tenantes du titre, cela doit se refléter dans notre attitude. Mais en face, le Nigeria a autant de détermination pour récupérer un trophée qui lui échappe depuis trop longtemps. »
Plan de jeu : mur défensif nigérian, créativité sud-africaine
Invaincues depuis le début du tournoi, les Super Falcons impressionnent par leur solidité : quatre matches, zéro but encaissé. Oparanozie identifie là un levier stratégique décisif. « Je conseille aux Super Falcons de rester compactes, comme face à la Zambie. Défendre en bloc, fermer les espaces dans l’axe, empêcher les attaquantes adverses de se retourner. »
De son côté, Amanda Dlamini croit fermement dans la capacité du milieu sud-africain à trouver la faille : « Pour contourner un tel mur, il faudra de la lucidité dans les 18 mètres. Créer des occasions, certes, mais surtout les convertir.
Notre force réside au milieu. Nous avons des joueuses créatives, techniquement à l’aise, capables de faire circuler le ballon et d’ouvrir des brèches. C’est notre meilleure arme contre le Nigeria. »
Leadership et mental : l’autre clé du match
À ce stade de la compétition, les jambes ne suffisent plus. Le mental et le leadership deviennent déterminants. Oparanozie mise sur Rasheedat Ajibade, l’attaquante et capitaine nigériane. « Elle est essentielle dans le parcours des Super Falcons. Deux fois élue joueuse du match, elle se distingue par sa vision, sa qualité de passe et son exemplarité. Mardi, elle devra encore se surpasser. »
Dlamini, quant à elle, invite les Sud-Africaines à puiser dans leur vécu : « Face au Nigeria, il faut un mental d’acier. L’expérience de 2022 doit nous servir. Certes, l’absence de Thembi Kgatlana pèse, mais ce groupe doit trouver l’énergie de l’intérieur. Chacune doit apporter sa pierre. »
Le détail décisif : coups de pied arrêtés et instinct de buteuse
Sur un match aussi serré, ce sont les détails qui font la différence. Oparanozie livre une recette en cinq ingrédients : « Bloc défensif compact, efficacité devant le but, transitions rapides, emprise au milieu et un éclat individuel. Voilà la formule. »
Dlamini met, elle, l’accent sur les coups de pied arrêtés : « Ces phases peuvent tout changer. Peu d’équipes les ont bien exploitées dans cette CAN. L’Afrique du Sud en a les armes. Si elle s’appuie là-dessus, cela peut faire pencher la balance.
Ce sera un duel intense, au coude à coude. Et dans ces cas-là, tout se joue sur un rien. »
Derniers mots aux joueuses : l’heure de vérité
Pour conclure, les deux légendes ont adressé un message personnel à leur sélection.
Oparanozie, inspirée et déterminée : « Mesdames, c’est le moment ! Vous avez travaillé dur pour en arriver là. Vous écrivez l’histoire. MissionX ou rien. Jouez les unes pour les autres. Vous avez déjà surmonté le plus difficile. L’Afrique du Sud sera un test, mais vous êtes prêtes. Super Falcons, en Dieu nous avons confiance ! »
Dlamini, fidèle à ses convictions : « Ce groupe est solide. Quand on vise un doublé, cela doit se voir. Si l’Afrique du Sud veut conserver son titre, elle devra montrer sa maturité. J’ai confiance : cette équipe a encore la faim, la passion et l’énergie pour le faire. »
Entre le Nigeria et l’Afrique du Sud, ce sera une bataille de volontés, de talents et de cœurs. Et comme toujours dans ces classiques, il ne restera qu’une reine debout.