L’Alliance pour la République (APR) a vivement critiqué le plan de redressement économique et social présenté début août 2025 par le Premier ministre Ousmane Sonko. Lors d’un point de presse, les cadres du parti ont qualifié ce document de “dangereux, injuste, incohérent” et porteur d’une “fiscalisation sauvage”. “Le peuple est épuisé. Ce plan risque de plonger le Sénégal dans une crise sociale qui s’ajoutera à la crise économique actuelle”, a déclaré Mame Gueye Diop, porte-parole du parti, en lisant la déclaration en français.
Une violation de la Constitution
L’APR conteste tant la forme que le fond du plan. Selon le parti, ce dernier viole la Constitution en remplaçant le Plan Sénégal Émergent (PSE) par un nouveau référentiel non adopté par l’Assemblée nationale. “Le Premier ministre a présenté ce plan comme un projet personnel, en contravention avec l’article 42 de la Constitution, qui stipule que c’est le président de la République qui détermine la politique de la nation”, a insisté le porte-parole adjoint.
Un “ajustement structurel déguisé”
Pour l’APR, ce plan s’apparente à un ajustement structurel volontaire aux conséquences dévastatrices : hausse du coût de la vie, suppression d’emplois et fiscalisation accrue des secteurs vulnérables, notamment le monde rural. “Le gouvernement veut mobiliser 600 milliards de FCFA auprès des paysans, qui peinent déjà à financer leurs campagnes agricoles”, a dénoncé une intervenante. L’APR accuse également l’État de chercher à céder des actifs stratégiques, y compris des terres à vocation militaire, et d’hypothéquer la souveraineté foncière du pays. “C’est une privatisation silencieuse des terres agricoles et pastorales”, a-t-elle ajouté.
Des chiffres incohérents et opaques
L’APR pointe du doigt les incohérences dans les chiffres avancés par le gouvernement, avec un coût total du plan oscillant entre 5 667 et 6 202 milliards de FCFA selon les versions. Le parti remet également en cause les données sur l’endettement national et dénonce l’opacité des bulletins statistiques. “Ce flou révèle un manque de sérieux. En deux ans, le régime a emprunté 10 200 milliards de FCFA pour investir à peine 2 milliards en 2025”, a accusé un cadre du parti.
Une “communication spectacle” face à une population en souffrance
L’APR qualifie la présentation du plan de “mise en scène” au Grand Théâtre, visant à masquer les tensions entre le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko. “C’est une comédie politique alors que le peuple lutte pour survivre”, a dénoncé le parti. L’APR rejette ce plan dans son ensemble, le qualifiant de “plus grand matraquage fiscal de l’histoire du Sénégal”. Elle appelle à la mobilisation populaire et annonce son intention de poursuivre le combat à l’Assemblée nationale et dans la rue.
Le parti réaffirme son attachement aux principes républicains et exige la libération de plusieurs responsables politiques, qu’il considère comme des “otages d’opinion”. “Le régime PASTEF navigue dans le tâtonnement et la brutalité. L’APR est en ordre de bataille pour contrer ce pouvoir d’oppression nationale et populaire”, a conclu Mame Gueye Diop.