Le tabac cause chaque année 4500 morts dans le monde (OMS). Il est en grande partie responsable des Maladies non transmissibles (MNT), responsables de 45% des décès au Sénégal. Qui dépense annuellement 233 milliards de francs CFA pour la prise en charge de ces MNT alors que l’industrie du tabac ne verse dans les caisses de l’État «que» 110 milliards.
En livrant ces chiffres dans une interview à Enquête, le directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Africa), Amadou Kanouté, pointe les dommages du tabagisme et appelle à une intensification de la lutte. «Nous attendons deux textes juridiques qui doivent nous permettre de lutter de manière plus efficace», plaide-t-il.
Le premier vise à rattraper le retard sur l’industrie du tabac. Il doit, en cas d’adoption, compléter la loi 2014, qui interdit de fumer dans les lieux publics sans prendre en compte les produits émergents. «L’industrie va dire qu’elle respecte les textes, mais à côté la chicha prend de l’ampleur, tout comme le tabac électronique. Nous sommes en retard sur ce plan», assène Amadou Kanouté.
Ce dernier poursuit : «Le deuxième texte que nous attendons c’est l’adoption d’une taxe parafiscale. Seul le président de la République peut le faire par décret. Cela permettrait de prendre les ressources issues de cette taxe et de les affecter à la lutte contre le tabagisme, en particulier la prévention. C’est une piste à explorer, si l’on veut être efficace.»
La CEDEAO permet à ses membres d’appliquer une taxe de 75% sur le tabac. Le Sénégal est loin de cette sévérité. «On est encore entre 60 et 65%. Nous avons donc une bonne marge pour pousser plus, calcule le directeur exécutif de Cicodev Africa. En mettant en place la taxe parafiscale et une taxe qui permet d’augmenter ce qu’on va tirer de la vente du tabac, ça devrait nous permettre de faire en sorte que le prix du tabac soit un élément dissuasif.»
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